Pour développer son mix énergétique, « l'Algérie doit aller vers toutes sortes de ressources, notamment le solaire, l'éolien, la géothermie, la biomasse, et garder son pétrole et son gaz conventionnels en réserve pour garantir l'avenir des générations futures », a préconisé, hier, le professeur Essaïd Salhi, ancien enseignant à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger, au forum du quotidien Liberté. Le Pr Salhi a insisté sur le recours aux énergies renouvelables, car « nous n'avons pas d'autre alternative ». Bien que leur coût reste élevé, selon lui, l'Algérie devra opter pour le solaire et l'éolien à la fois. Cependant, le problème se pose pour la maintenance des cellules des panneaux photovoltaïques dont la rentabilité diminue au fil du temps, a-t-il noté. En outre, il s'est interrogé sur l'impact des vents de sable sur ces cellules. Pour lui, trois choix se présentent à l'Algérie : acheter des lingots de silicium tout en sachant que « les pertes en ce métalloïde en poudre sont à hauteur de 50% par lingot », acquérir des cellules pour panneaux ou investir dans une industrie photovoltaïque en amont et en aval. Cette dernière option nous permettra « d'assurer un approvisionnement en interne et d'exporter vers le marché africain ». Reste que pour lui, « les pouvoirs publics ne sont pas offensifs en matière de production d'énergie électrique à partir des énergies renouvelables, ERN ». Et pour cause, « les centres de formation professionnelle n'offrent pas de filières dans les ERN, et l'Université n'assure pas de spécialités pour les masters dans ce domaine ». « Nous sommes au stade de la recherche en doctorat », a-t-il ajouté. Nadia Ould Henia, enseignante à l'EPAU, a rappelé que le premier projet de village solaire en Algérie date de 1979 avec trois prototypes laissés en abandon. Elle a aussi rappelé que l'entreprise publique ENIE produisait des capteurs photovoltaïques. Interrogé sur le projet Desertec destiné notamment à alimenter en électricité le continent européen, le Pr Salhi a soutenu qu'« il a foiré sur le plan scientifique » et « n'a pas de maturité ». « Desertec est un projet exagéré et trop ambitieux. » S'agissant de l'exploitation du gaz de schiste, il dira qu'il faut beaucoup d'eau pour la fracturation hydraulique alors que « scientifiquement, il n'est pas possible de décontaminer l'eau après son utilisation ».