Assia Djebar, l'icône de la littérature algérienne de dimension universelle, a rejoint, hier, au cimetière de Cherchell, sa dernière demeure où elle repose aux côtés des siens, de son père comme fut sa volonté. Ses funérailles se sont déroulées dans une atmosphère empreinte d'intimité et de dignité. Sous une pluie fine et sur une grande esplanade surplombant la capitale de Juba II et jouxtant le cimetière, des centaines de citoyens sont venus jeter un dernier regard et se recueillir sur sa mémoire. Parmi la nombreuse foule présente, les membres de sa famille. Sa mère âgée de 99 ans trônait stoïquement sur une chaise, fière d'offrir à l'Algérie Assia, digne héritière d'El Berkani, l'un des proches lieutenants de l'Emir Abdelkader. A la sortie du cercueil, drapé de l'emblème national, de l'ambulance de la Protection civile, les femmes présentes ont lancé à l'unisson des youyous d'honneur. Une triste symphonie qui n'a pas manqué d'ajouter de l'émotion à l'atmosphère ambiante. Après avoir prié sur son âme, elle a été enterrée au cimetière. Juste à côté de la porte principale. « Même l'endroit où elle est enterrée est hautement symbolique. Elle est désormais la gardienne de mémoire. Elle veille sur nos morts », confie un citoyen de Cherchell. Comme au début des funérailles, la fin fut poignante. En effet, des femmes entonnaient des chants patriotiques pour l'honorer et rappeler son passé révolutionnaire. « Elle a vécu digne et elle est morte digne. Ses œuvres lui survivront éternellement. Que Dieu l'accueille en Son vaste paradis », lance une voix anonyme. Le drapeau ayant couvert son cercueil a été remis solennellement à sa famille par Hamid Grine, ministre de la Communication. Avant d'acheminer sa dépouille au cimetière vers 10h30, de nombreux citoyens s'étaient recueillis sur sa mémoire au niveau de la bibliothèque communale de la ville de Cherchell où s'était déroulée la veillée à laquelle a participé la ministre de la Culture, Nadia Labidi. Parmi les présents et aux côtés des personnes anonymes, le ministre de la Communication Hamid Grine, le président du Haut-Conseil de la langue arabe, Azzedine Mihoubi, d'ex-ministres, en l'occurrence Benhamouda, Bouchama et Bounekraf, l'ex-candidat à la présidentielle, Ali Benflis, les autorités locales à leur tête Mustapha Laiadhi, le wali de Tipasa Assia Djebar, de son vrai nom Fatma-Zohra Imalhayène, récipiendaire de nombreux prix et distinctions de renom pour ses œuvres, elle a été élue en 2005 membre de l'Académie française. Amirouche Lebbal Hamid Grine : « Au-delà de son parcours littéraire et sa renommée universelle, Assia Djebar est avant tout une patriote fière de son algérianité. Elle dit toujours son amour et son attachement viscéral à sa patrie à travers ses œuvres. Dans son discours prononcé lors de son élection à l'académie française, elle a exprimé de fort belle manière cet attachement ». Azzedine Mihoubi : « Incontestablement, Assia Djebar est une femme de lettres qui a marqué et influencé la littérature algérienne, maghrébine et universelle. C'est une icône du monde de la littérature. Les générations futures doivent lire ses œuvres pour apprécier son talent et la profondeur des sujets qu'elle traite. On espère que ses œuvres soient traduites pour faire profiter le maximum de lecteurs ».