« Nous sommes sur le point de déposer un projet de résolution afin de rendre notre force opérationnelle (...) c'est prévu fin février », déclare Pierre Moukoko Mbonjo, le ministre camerounais des Relations extérieures, à l'issue d'une rencontre à Yaoundé avec son homologue français, Laurent Fabius, qui effectue une tournée dans ces pays centrée sur la lutte contre Boko Haram. Et d'ajouter : « Il faut absolument saisir le Conseil de sécurité pour opérationnaliser la force mixte » et « nous comptons beaucoup sur la France ». Premier couac, Mbonjo veut que cette force soit opérationnelle dès le 1er avril. Le président tchadien Idriss Déby aussi. Selon Fabius, le Conseil de sécurité se penchera sur cette résolution en avril prochain. Et comme l'argent est le nerf de la guerre, il faudra ensuite trouver des « financiers ». Laurent Fabius le reconnaît. Cette force anti-Boko Haram va coûter cher. Pour ce faire, une conférence des donateurs est prévue. « Nous voulons qu'il y ait une conférence des donateurs qui permette d'alléger la charge des pays concernés » explique-t-il. les chefs d'Etat d'Afrique centrale qui se sont réuni lundi dernier à Yaoundé ont promis de donner 75 millions d'euros. Sans attendre la création officielle de cette force multinationale, le Tchad a déployé mi-janvier des troupes au Cameroun qui subit depuis un an des attaques à répétition le long de sa frontière avec le Nigeria. Le Niger a lui massé quelque 3.000 soldats dans la région de Diffa (sud-est), située face aux fiefs des terroristes nigérians L'armée nigériane (80.000 hommes, auxquels 80.000 autres des forces paramilitaires) reconnaît qu'elle a « sous-estimé » les compétences de Boko Haram qui a fait, depuis 2009, plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés essentiellement dans le nord-est du pays. A un mois des élections présidentielle et parlementaires, elle semble reprendre le dessus. Elle a repris samedi la ville de Baga (nord-est) théâtre le 3 janvier dernier d'un massacre sanglant. « Je crois que le 28 mars, quand les élections se tiendront, Boko Haram ne pourrait même pas être en mesure d'attaquer une ville quelconque. Si Dieu le veut, nous arrêterons Shekau (le chef de Boko Haram, ndlr) avant », déclare le président Goodluck Jonathan. Le groupe qui menace toute l'Afrique enregistre aussi des revers au Niger. Il a essuyé vendredi une seconde défaite à Karouga une localité à la frontière avec le Nigeria et le Tchad. L'aviation tchadienne qui s'est distinguée lors de la bataille de Dikwa a éliminé 15 membres de Boko Haram. « La guerre ne fait que commencer. Votre objectif, c'est de la gagner » a déclaré le président nigérien Mahamadou Issoufou aux « braves et courageux soldats nigériens ».