Le rôle de « leader » régional et international de l'Algérie dans la lutte contre les kidnappings moyennant payement de rançons a été souligné, hier, à Alger, par Mickael Keagan, un conseiller à la lutte antiterroriste au Département d'Etat US, à l'ouverture d'un atelier international sur la mise en œuvre du Mémorandum d'Alger sur « les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon par des terroristes et d'élimination des avantages qui en découlent ». Cet atelier, le second du genre après celui de novembre 2014 à Malte, a été organisé par le ministère des Affaires étrangères, en coordination avec l'ambassade des Etats-Unis à Alger, l'Institut international de justice et de l'Etat de droit et le Forum global de lutte contre le terrorisme. Il réunit des spécialistes dans les questions liées au terrorisme et à la sécurité provenant de nombreux pays (USA, Canada, France, Mali, Mauritanie, Niger, Tunisie, Afrique du Sud, Maroc, etc.). Des représentants de différentes institutions algériennes et d'organismes régionaux prennent part également à la rencontre. Comme l'Union africaine, le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme. Keagan estime aussi que l'Algérie est également un « exemple » en matière d'« engagement » pour la mise en œuvre des méthodes de lutte contre ces fléaux qui renforcent le terrorisme à l'échelle planétaire. Le conseiller à la lutte antiterroriste au Département d'Etat qui a relevé la « pertinence » du mémorandum d'Alger comme étant un outil de « référence » s'agissant de la lutte contre les rapts moyennant payement de rançons, a convié ensuite les participants à œuvrer pour avancer dans la réflexion sur la manière de contrecarrer cet état de fait. 220 millions de dollars de rançons Le directeur de la prospective, de la programmation et de la planification politiques au ministère des Affaires étrangères, Hamid Boukrif, a relevé l'existence d'une dynamique « positive » chez certains Etats qui répondaient favorablement aux ultimatums des terroristes en payant des rançons. « Ils ont fini par réviser leur position pour aller dans le sens des recommandations du Mémorandum d'Alger », dit-il estimant qu'il faut « continuer à exercer des pressions sur eux » et « renforcer les Etats vulnérables qui représentent un terrain d'activisme des groupes terroristes à travers une nouvelle approche des opérations militaires qui s'y effectuent ». Il a qualifié de « prioritaire » l'assèchement des sources de financement du terrorisme car contribuant à en réduire l'expansion. Boukrif estime « toujours d'actualité » la position de l'Algérie s'agissant de cette question, notant la dimension juridique qui doit accompagner l'approche sécuritaire et opérationnelle dans la lutte antiterroriste. « La dimension humaine doit être prise en compte dans cette question, tant elle met en avant la vulnérabilité de l'individu dans un environnement instable ainsi que l'impact psychologique de la violence sur les victimes », a-t-il observé. Citant la région du Sahel qui « ne peut être plus instable qu'elle ne l'est déjà », le responsable au MAE a considéré que la collaboration « stratégique » entre les Etats contre la menace terroriste consiste en son éradication à travers leurs approches complémentaires. Selon le président de la commission algéro-africaine pour la paix et la réconciliation, Ahmed Mizab, les organisations terroristes qui écument le Sahel ont récolté dans les rançons plus de 220 millions de dollars. Pour « assécher » le financement du terrorisme, l'Algérie a appelé à criminaliser le paiement des rançons.