Mourir à cause du monoxyde de carbone (CO) n'est pas une fatalité. Cette situation peut être évitée par l'adoption de solutions techniques comme le détecteur du CO et l'installation de chauffage central dans les habitations. C'est la conclusion des interventions des experts au séminaire technique sur les solutions préventives à l'intoxication au monoxyde de carbone. Cette rencontre, organisée, hier, à Alger par la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) en collaboration avec l'association El Aman pour la protection de consommateurs de la wilaya d'Alger, a permis de rappeler des procédés existants en mesure de mettre un terme à ces drames qui endeuillent les familles algériennes à chaque hiver. Lamine Messaoudène, responsable gaz au niveau de la Commission de régulation du gaz et de l'électricité (CREG) estime que 100 à 200 blessés et 30 à 40 décès sont enregistrés chaque année dus à l'inhalation du gaz carbonique ou aux explosions induites par le manque d'entretien et l'absence de conformité des installations intérieures. De ce fait, il a insisté sur l'entretien des conduits d'aération et d'évacuation d'air dans les habitations et sur la nécessité d'éviter de boucher les entrées d'air et de les vérifier au moins une fois par an Outre l'information et la sensibilisation sur les techniques de sécurité à adopter, ce séminaire projette « l'élaboration d'une fiche technique basée sur des recommandations à adresser aux différents départements ministériels concernés par la question afin de mettre un terme à ces accidents », a précisé le président de la FAC, Zaki Hariz. En pratique, « on doit songer à installer des détecteurs des gaz brulés. Pour seulement 3000 dinars, nous pouvons sauver des vies », a précisé le président de l'association El Aman, Hacène Nouar. En outre, « l'installation d'un chauffage central évitera l'utilisation de cheminée d'évacuation appelée à se boucher. C'est donc un autre facteur de risque à bannir », a expliqué Fathi Mickael, membre de l'association El Aman. La prévention, une mission de l'état L'ancien ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, a rappelé que les risques d'asphyxie ont augmenté avec l'importation de produits non conformes ou la fabrication locale de produits hors normes. Néanmoins, il a souligné que la prévention reste une mission de l'Etat. « Il faut rendre obligatoire la mise en place de détecteurs de CO dans les nouvelles constructions tout en soutenant le citoyen pour leur acquisition », a-t-il suggéré. Djaâboub a aussi invité l'Institut algérien de normalisation (Ianor) à établir la norme algérienne et obliger les importateurs à la respecter. Car le danger d'une asphyxie provient également des équipements non conformes. Une enquête nationale menée par le ministère du Commerce ayant ciblé les importateurs, les producteurs locaux, les grossistes et les détaillants révèle que sur 1.442 interventions, 312 infractions ont enregistrées et 100 procès-verbaux dressés. Pour ce qui est du contrôle de conformité, sur un échantillon de 157 produits, 114 (72%) ont été déclarés non conformes. Et pour ne rien arranger, la représentante de la Société de distribution d'Alger (SDA) a mis en évidence les irrégularités dans les installations de gaz dans les maisons à l'origine d'asphyxie ou d'explosion. Sur la base des résultats d'une enquête menée sur un échantillon de 598 installations dont 392 dans d'anciennes habitations, la représentante de la SDA révèle que « seulement 65 installations soit 11% sont conformes alors que 50% de l'échantillon présentait un risque élevé d'accident ». Au terme de cette journée, des recommandations ont été formulées. Il s'agit notamment d'inciter les abonnés à vérifier leurs installations, à rendre obligatoire l'installation de détecteurs de CO et la sensibilisation avec l'aide des médias et des associations.