La péninsule coréenne vit le scénario catastrophe aux conséquences dramatiques pour la survie des deux pays et la stabilité régionale. Cinq jours après le pilonnage de l'île Yong Pyong par la Corée du Nord, la tension est à son comble dans la péninsule au « bord de la guerre » totale. Séoul, qui se dote d'un budget de guerre (27 milliards de dollars, en hausse de 5,7%) prône la fermeté. Un nouveau ministre de la Défense, Kim Kwan Jin, a été désigné pour remettre de l'ordre dans l'armée fortement ébranlée et affectée dans sa crédibilité et ses capacités de riposte. De ce fait, la promesse de « répondre rapidement et fermement à la situation de crise », entretenue dans un climat en effervescence, s'appuie sur des manœuvres militaires américano-sud coréennes, considérées par Pyongyang comme une « provocation intolérable » et fermement dénoncées par la Chine légitimement inquiète des retombées de l'escalade miltaire à ses frontières. Sous le fallacieux prétexte de la dissuasion, les Etats-Unis, qui mobilisent à cet effet tout leur armada (la VIIe flotte du Pacifique équipée du porte-avions nucléaire George Washington, de croiseurs lance-missiles et de destroyers) alimentent une situation de belligérance permanente, née de l'armistice de 1953 conclue sans consultation avec la Corée du Nord et de la ligne de démarcation Nord logiquement contestée. En l'absence d'un traité de paix, la zone de conflit particulièrement sensible, riche en produits de mer et mettant en cause un chapelet d'îles situées à une dizaine de kilomètres des côtes de la Corée du Nord, a été le théâtre d'affrontements ininterrompus entre les deux « frères ennemis » comme ce la fut le cas, récemment, de l'attaque de la corvette sud -oréenne Chenoa. Sur le pied de guerre, la péninsule coréenne vit le scénario catastrophe aux conséquences dramatiques pour la survie des deux pays et la stabilité régionale. Le syndrome de la guerre de destruction totale, nucléaire notamment, plane dangereusement. « Selon des modélisations officielles du Pentagone, il faudra des mois pour remporter la guerre, au prix d'un million de victimes, voire plus si l'on prend en compte à la fois les morts et les blessés », estime un expert de la Brooking Institution, Michael O'Hanon. Largement dominée dans une guerre conventionnelle, Pyongyang dispose de l'arme nucléaire qui risque de compliquer la donne. « La question est de savoir s'ils peuvent utiliser efficacement leurs armes de destruction massive », estime un spécialiste des questions de défense, Bruce Bennett. Il précise toutefois que « c'est une question à laquelle nous n'avons pas de réponse. »