Le Centre anticancéreux de Constantine attend depuis 2012 la mise en service de ses deux accélérateurs à basse énergie de dernière génération, privant ainsi des centaines de malades de toute la région de soins radiothérapeutiques. L'assemblage de ces deux machines bute depuis trois années sur des problèmes administratifs et techniques. Malgré les mises en garde du ministère de la Santé, la direction du CHU n'est pas parvenue à respecter ses engagements et a, à maintes reprises, reporté la mise en fonction des accélérateurs ainsi que la réception du nouveau bloc du CAC. Pendant ce temps-là, les patients et leurs proches errent de service en service, de ville en ville, dans l'espoir de décrocher un rendez-vous pour une séance de radiothérapie, une situation qui perdure depuis 2011, date à laquelle le CAC a décidé de retirer les anciens accélérateurs vieux de 25 ans et fonctionnant au cobalt. Actuellement, un seul accélérateur (à haute énergie) est en marche au niveau du CAC, et du coup, la liste des malades en attente ne cesse de s'allonger, on parle même de prises de rendez-vous pour l'année 2016 ! En août 2014, le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, en visite à Constantine, a mis la pression sur les responsables du CAC et du CHU afin de livrer les accélérateurs, au plus tard, au mois d'octobre... 2014. En vain. Les responsables du CHU évoquent des difficultés à trouver des sociétés spécialisées dans le démantèlement des anciennes machines et l'assemblage des nouveaux accélérateurs. Le secrétaire général de l'association Waha, qui vient en aide aux malades atteints du cancer et de leurs familles, Ahmed Zemouli, s'est exprimé récemment sur le sujet. Il affirme que cette situation pénalise les familles pauvres qui ne peuvent se permettre de payer plusieurs millions de dinars pour une prise en charge à l'étranger ou dans un établissement privé : « Les familles des malades sont plongées dans le désarroi, les soins coûtent très cher plus d'un million de dinars pour une séance de radiothérapie à l'étranger, et environ 30 millions de centimes dans une clinique privée. Les CAC de Batna et Sétif sont opérationnels, ce sont de nouvelles structures ultramodernes et bien équipées. A Constantine, nous n'avons fait qu'une extension avec un investissement ridicule par rapport à Sétif et Batna, et pourtant le CAC est toujours fermé depuis 2011. J'ajouterais que depuis deux ans, la radiothérapie pour le traitement du cancer du sein n'est pas pratiquée à Constantine, les patientes vont à Ouargla, Alger ou à l'étranger ». Le SG de Waha, association qui accueille près de 1.050 malades pour les orienter et les prendre en charge, ajoute que la mise en service des deux accélérateurs est devenue plus qu'indispensable : « Nous ne savons pas combien d'Algériens partent se soigner à l'étranger mais les spécialistes sont unanimes à dire que pour chaque million d'habitants, il faut au moins deux CAC pour couvrir la demande. En Algérie, il nous faut donc 80 structures. A Constantine, nous estimons qu'il y a 3.200 malades et d'ici 2018, il y aura 1.200 autres cas. Les quatre accélérateurs, qui seront mis en service, peuvent faire seulement 1.200 séances par an. Donc, il faudrait déjà réfléchir à créer un nouveau CAC ». Aux dernières nouvelles, on parle d'une mise en service des deux accélérateurs d'ici avril prochain, tandis que le chantier du nouveau bâtiment du CAC — construit près de l'ancien au CHU — est en retard. Il buterait sur des problèmes d'ordre bureaucratique.