Après 220.000 morts, le régime de Bachar al-Assad est toujours là. Il contrôle 40% du territoire syrien où se concentrent 60% de la population. « Assad fait partie de la solution », affirmait le 13 février dernier le médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura. Jadis vilipendé, al-Assad est devenu un interlocuteur incontournable, notamment pour ceux qui ont fait de la lutte contre Daech leur priorité. « La position d'al-Assad s'est améliorée sur le plan international », indique Volker Perthes, directeur de l'Institut allemand de politique étrangère. « Les Etats-Unis, l'Union européenne et bien d'autres ne demandent plus son départ immédiat », dit-il. Mieux, certains redoutent un effondrement du régime syrien, synonyme de chaos, comme en Irak ou en Libye. « Aucun d'entre nous, Russie, Etats-Unis, coalition, Etats de la région, ne veut un effondrement du gouvernement et des institutions politiques à Damas », déclare John Brennan, directeur de la CIA, devant le centre de réflexion Council on Foreign Relations à New York. « Des éléments extrémistes, dont Daech et Al-Qaïda, sont en phase ascendante dans certaines régions de la Syrie et la dernière chose que nous voulons, c'est de leur permettre de marcher sur Damas », explique-t-il. Et de poursuivre : « La communauté internationale est favorable à une solution reposant sur un gouvernement représentatif qui essaiera de répondre aux revendications à travers le pays. » L'Union européenne, qui a fait connaître sa volonté de renforcer la coopération contre le terrorisme avec les pays arabes, a annoncé l'envoi d'un chargé d'affaires à Damas pour avoir un accès plus direct aux informations et ouvrir de possibles négociations avec le régime. Selon Perthes, les récentes déclarations « aux Etats-Unis ou dans des capitales européennes indiquent une acceptation de facto, de manière directe ou indirecte, de son maintien à la présidence et la recherche d'une coalition d'unité nationale pouvant inclure al-Assad ». Les Occidentaux conçoivent aujourd'hui de passer des accords ponctuels avec le régime pour obtenir des cessez-le-feu locaux. Même l'opposition, qui a été créée ex nihilo pour le chasser du pouvoir en quelques semaines, comme Ben Ali en Tunisie ou Hosni Moubarak en Egypte, ne pose plus aujourd'hui son départ comme condition du dialogue. En attendant une issue à cette tragédie, la coalition songe, après la bataille de Tikrit qui pourrait prendre fin « dans 72 heures », axer ses raids sur les positions de Daech dans le nord-est de la Syrie.