Le réflexe sécuritaire a prévalu aux législatives israéliennes. Défiant tous les sondages, Benjamin Netanyahu a remporté le scrutin. Mauvais augure pour les négociations de paix dans lesquelles les Palestiniens ont placé leurs derniers espoirs. L'homme fort de la droite, pratiquement assuré d'être appelé par le président Reuven Rivlin à assumer son troisième mandat consécutif, son quatrième en comptant celui de 1996-1999, est foncièrement contre la création d'un Etat palestinien. En campagne électorale, il a promis aussi d'accélérer les constructions dans l'Est d'Al-Qods, la partie de la ville sainte que les Palestiniens réclament comme capitale. Que pourraient faire maintenant les Palestiniens ? En choisissant Netanyahu, Israël « a choisi la voie du racisme, de l'occupation et de la colonisation, et n'a pas choisi la voie des négociations et du partenariat », déclare Yasser Abed Rabbo, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine. Pour le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, Netanyahu a « enterré la solution à deux Etats ». « Les Palestiniens vont accélérer, poursuivre et intensifier leur offensive diplomatique », ajoute-t-il estimant qu'« ils n'ont plus de partenaire pour la paix en Israël » et que la première affaire devant la Cour pénale internationale sera portée dès le 1er avril. « Nous avons tous entendu les déclarations de Netanyahu contre un Etat palestinien et en faveur de la poursuite de la colonisation (...). Ceux qui, dans la communauté internationale, protègent Netanyahu sont ses complices. Quand il menace de tuer la solution à deux Etats, cela entre dans la catégorie des crimes de guerre », explique-t-il. Et d'ajouter, « la position de Netanyahu révèle le bien-fondé de la décision palestinienne de rejoindre la Cour pénale internationale, et la justesse des décisions du Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine ». Pour Mustapha Barghouthi, « les masques sont tombés » avec ces élections. « Netanyahu tue la solution à deux Etats et Israël est officiellement un Etat d'apartheid », écrit-il. Les élections ont au moins « forcé Netanyahu à révéler sa véritable position et cela va relancer le boycott international qui faiblissait », veut croire l'éditorialiste palestinien Daoud Kuttab. A Ghaza, le Hamas laisse entendre qu'il est « prêt » en cas de nouvelle guerre. Selon Sami Abu Zuhri, Hamas ne fait pas de différence entre les partis israéliens, car « ils sont tous unanimes pour réduire les droits légitimes des Palestiniens ». Selon les analystes, Mahmoud Abbas qui est prêt à coopérer avec « tout gouvernement israélien » acceptant « un Etat palestinien aux côtés de l'Etat israélien », pourrait rompre la coopération sécuritaire avec Israël et le forcer à reprendre en main le destin de 5 millions de Palestiniens des Territoires occupés.