Le négociateur palestinien, Saab Erakat, avec la ministre de la Justice israélienne, Tzipi Livni, à la reprise des discussions israélo-palestiniennes sous l'égide du secrétaire d'Etat US, John Kerry Israël a lancé de nouveaux projets de constructions dans les colonies, tout en libérant 26 détenus palestiniens à quelques heures de la reprise hier à Jérusalem des négociations de paix avec les Palestiniens. Peu avant le coup d'envoi de ces négociations, officiellement relancées fin juillet à Washington après un gel de près de trois ans, le ministre israélien du Logement, Uri Ariel, a annoncé la construction dans l'année à venir «de milliers» de logements supplémentaires dans les colonies de Cisjordanie. «Personne ne dictera là où nous pouvons construire», a-t-il déclaré. Les dirigeants israéliens entendent annexer ces grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord avec les Palestiniens, alors que les colonies isolées pourraient être démantelées. Dimanche et mardi, Israël avait déjà provoqué la colère des Palestiniens en autorisant la construction d'un total de 2129 logements à Jérusalem-Est occupée et en Cisjordanie occupée. «La colonisation menace de provoquer l'effondrement des négociations avant même qu'elles débutent», a affirmé Yasser Abed Rabbo, un haut responsable de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), après l'annonce mardi de la construction de 942 logements supplémentaires à Gilo, un quartier de colonisation à Jérusalem-Est occupée. «L'extension de la colonisation est sans précédent par son ampleur et viole les engagements pris par des Etats-Unis auprès des Palestiniens avant le début des négociations», a expliqué M.Rabbo. Selon lui, «si le processus de négociations commence par une accélération de la colonisation, on peut se demander à quoi il va aboutir». De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, tout en répétant que les colonies sont «illégitimes», a néanmoins affirmé que le président palestinien Mahmoud Abbas était «engagé à poursuivre les négociations parce qu'il croit que la négociation est ce qui permettra de résoudre ce problème». Selon la radio militaire israélienne, les discussions - qui doivent être menées à Jérusalem par Tzipi Livni, la ministre israélienne de la Justice et le négociateur palestinien Saëb Erakat en présence de l'envoyé spécial américain Martin Indynk - vont se dérouler «dans le plus (grand) secret». L'hôtel choisi pour ces pourparlers, l'heure du début des entretiens hier ainsi que les points à l'ordre du jour n'ont pas été divulgués par «souci de discrétion et éviter les pressions extérieures», a ajouté la radio. Le ministre israélien de la Défense et numéro 2 du gouvernement Moshé Yaalon a ouvertement exprimé ses doutes: «Nous nous sommes fixé un délai de neuf mois pour arriver à quelque chose avec les Palestiniens (...), on peut discerner dans mes propos une certaine dose de scepticisme». Lancées en secret en 1993, les négociations de paix, hormis quelques ententes ponctuelles, n'ont pas permis d'ouvrir la voie à un règlement final du conflit vieux de soixante-six années. Parmi les questions à régler figurent les frontières d'un futur Etat palestinien, les arrangements de sécurité, le sort des colonies, l'avenir de Jérusalem-Est et le sort des réfugiés palestiniens. L'objectif principal des négociations est de parvenir à une solution à deux Etats, israélien et palestinien. Notons d'autre part que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon est attendu cette semaine au Proche-Orient dans le cadre d'une tournée, en vue notamment de «soutenir les négociations» directes israélo-palestiniennes, a indiqué mardi l'ONU M.Ban se rendra en Jordanie, à Ramallah (Cisjordanie) ainsi qu'à Jérusalem-Est occupée pour «soutenir les négociations» directes israélo-palestiniennes, a affirmé le porte-parole adjoint de l'ONU, Eduardo del Buey. Le porte-parole a rappelé que l'ONU faisait partie intégrante du Quartette pour le Proche-Orient (avec les Etats-Unis, la Russie et l'Union européenne). Lors de son séjour, Ban Ki-moon aura également l'occasion de rencontrer les principaux négociateurs palestinien et israélien ainsi que Martin Indyk, l'envoyé spécial américain pour les pourparlers israélo-palestiniens. Israël va construire «des milliers» de logements en Cisjordanie Israël va bientôt construire «des milliers» de logements supplémentaires dans les colonies de Cisjordanie, a affirmé hier le ministre du Logement, Uri Ariel, à quelques heures de la reprise des négociations israélo-palestiniennes. «Nous allons construire des milliers de logements durant l'année qui vient en Judée-Samarie (Cisjordanie). Personne ne nous dictera là où nous pouvons construire», a affirmé M.Ariel, dont les propos ont été diffusés par la radio publique. M.Ariel, membre du «Foyer juif», un parti nationaliste religieux opposé à la création d'un Etat palestinien, a précisé que ces constructions auraient lieu dans des colonies isolées et pas seulement dans les blocs d'implantations où vivent la majorité des 360.000 colons installés en Cisjordanie. Les dirigeants israéliens entendent annexer ces grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord avec les Palestiniens, alors que les colonies isolées pourraient être démantelées. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a donné ces derniers jours un coup d'accélérateur à la colonisation, ce qui augure mal de l'avenir des négociations qui devaient reprendre hier à Jérusalem sous l'égide des Etats-Unis. Selon les médias israéliens, l'annonce des constructions dans les implantations a été décidée pour calmer l'aile dure de la coalition de M.Netanyahu, qui fait pression pour poursuivre la colonisation afin de rendre impossible tout retrait de Cisjordanie ou toute concession sur Jérusalem-Est. La radio militaire, citant des responsables du «Foyer juif», a également affirmé que M.Netanyahu avait relancé la colonisation pour s'assurer du maintien dans sa coalition de ce parti, qui s'opposait à la libération dans la nuit de mardi à mercredi d'un premier contingent de 26 prisonniers palestiniens.