Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, prennent part aux travaux du sommet Afrique-Europe, qui se sont ouverts hier dans la capitale libyenne. Troisième du genre, après ceux du Caire en 2000 et Lisbonne en 2007, il devrait donner une dimension nouvelle et plus ambitieuse à la coopération et au partenariat entre les deux continents. Les participants se pencheront, durant deux jours, sur plusieurs sujets, notamment la paix et la sécurité, les changements climatiques, l'intégration régionale et le développement du secteur privé, les infrastructures et l'énergie, l'agriculture et la sécurité alimentaire. Les migrations sera un des thème principaux retenus. Toutefois, les préoccupations d'ordre économique vont prédominer. Le thème générique est clair. «L'investissement, la croissance économique et la création d'emplois». Le Sommet sera une occasion pour évaluer les progrès réalisés dans le cadre du partenariat stratégique Afrique-UE. A la séance d'ouverture, le Guide de la Révolution libyenne, Maamar El Gueddafi a situé les enjeux. «Nous nous sommes occupés de la politique, et nous avons laissé l'économique de côté. L'Afrique a besoin d'économie, pas de politique». Pour le dirigeant libyen, les pays du tiers monde, plus particulièrement ceux d'Afrique, n'ont d'aucune manière bénéficié de l'OMC, qualifiée «de nouvel outil de colonialisme». Actions concrètes Il a mis l'accent sur la nécessité de traduire la coopération entre l'Afrique et l'Europe par des actions concrètes sur le terrain. Le représentant du président en exercice de l'Union africaine, M. Ali Bongo, a appelé les dirigeants des deux continents à prôner un «dialogue politique sincère», tout en privilégiant les investissements économiques. «L'Afrique a besoin d'investissements, de subventions et d'aides de la part de l'Europe pour lutter contre la pauvreté, créer de l'emploi et éviter aux Africains de migrer». En écho, le président du Conseil de l'Union européenne estime que l'UE continuera à assumer ses responsabilités et à tenir ses engagements, rappelant les 50 milliards de dollars dégagés pour le plan 2011-2013 Il s'agit pour les deux continents de progresser en vue d'atteindre des objectifs communs en favorisant notamment la croissance durable et l'emploi et en surmontant les effets de la crise économique et financière. Le sommet de Tripoli devrait être couronné aussi par l'adoption d'un plan d'action pour la période 2011-2013 de la stratégie commune. Il devra comporter des mesures concrètes dans les domaines stratégiques pour un réel développement sur la rive sud de la Méditerranée. Les dirigeants africains sont déterminés à dénoncer à nouveau les accords commerciaux proposés par l'Union européenne et imposer cette question épineuse à l'ordre du jour. Depuis près d'une décennie, Bruxelles négocie sans grand succès ces accords de partenariat économique (APE) pour remplacer le régime commercial préférentiel accordé par l'Europe, régime jugé incompatible avec les règles internationales par l'OMC. «L'UE nous demande d'ouvrir nos frontières à 70%. C'est tuer toute industrie naissante en Afrique», a dénoncé un haut diplomate de l'Union africaine. Des APE renégociés permettraient, par contre, aux produits africains d'accéder au marché européen sans droits de douane ni quota, en échange d'une ouverture des marchés du continent aux produits européens, sur des périodes de transition allant jusqu'à 25 ans. Ouvrir leurs frontières aux produits européens risque de fragiliser encore les économies et réduire les revenus douaniers des Etats africains. L'Europe, qui reste le premier partenaire commercial de l'Afrique, se doit de lâcher du lest car elle subit de plein fouet la concurrence de puissances émergentes, comme la Chine, le Brésil ou l'Inde. La Chine a injecté des milliards dans des investissements en Afrique dans le pétrole, l'exploitation minière et l'industrie, tout en gagnant les cœurs et les esprits avec des aides et des prêts bonifiés.