La réunion devait permettre aux « 15 » d'entendre un compte rendu de la situation au yYémen fait par l'émissaire de l'ONU, Jamel Benomar. Ecartelé entre le Nord, contrôlé par des Houthis, une milice chiite, et le Sud, dominé par des forces alliées au Président, le pays est confronté aussi à la présence d'al-Qaïda, dans la péninsule arabique, et de Daech qui a revendiqué le carnage de vendredi dernier à Sanaâ (142 morts et 351 blessés). Les parties en conflit ont battu le rappel de leurs troupes après le blocage du dialogue national parrainé par l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar. Le Haut-Comité révolutionnaire, instance suprême des Houthis qui réclament depuis des années un statut d'autonomie, a appelé à « la mobilisation générale » et décidé de « superviser les forces armées et de sécurité ». Les miliciens chiites, qui tiennent une grande partie du Nord et Sanaâ, la capitale, ont fait, hier, un pas vers Aden, le camp où est retranché le président yéménite. ls ont pris le contrôle de l'aéroport de Taëz, une ville qui commande la voie vers Aden et permet d'avancer aussi vers le détroit stratégique de Bab al-Mendeb. Selon la presse locale, près de 300 miliciens en treillis et des soldats fidèles à l'ex-chef de l'Etat Ali Abdallah Saleh s'y sont déployés. Des milliers de personnes ont protesté contre la présence de ces miliciens. Ces derniers auraient tiré à balle réelle sur des manifestants. Forts du soutien de militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh (au pouvoir de 1978 à 2012), les Houthis semblent décidés à en finir avec le Président. Dans la lettre qu'il a fait parvenir aux Nations unies, le président yéménite dénonce « les actes criminels des miliciens houthistes et de leurs alliés ». Il demande aussi et surtout au Conseil « son intervention urgente de toutes les manières possibles pour mettre fin à cette agression » et suggère des sanctions. L'objectif ? « Dissuader les houthistes et leurs alliés et stopper leur agression (...), notamment contre la ville d'Aden ». « Nous allons rétablir la sécurité dans le pays et hisser de nouveau le drapeau du Yémen sur le mont Marran, à Saâdeh », a-t-il dit dans un discours télévisé. Il laisse, toutefois, la porte ouverte à un règlement négocié en invitant les chiites et leurs alliés à des discussions de paix en Arabie saoudite. Hier, il a appelé l'armée à « refuser toute directive émanant de Sanaâ » et ordonné à ses forces de se déployer dans le nord-ouest d'Aden et de mettre en place une ceinture de sécurité avec une quarantaine de chars de combat et des batteries de défense anti-aérienne pour protéger le complexe où est il retranché.