1er décembre, Journée internationale de lutte contre le sida. Comme chaque année les chiffres de cette pandémie sont alarmants. 40 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, dont 2,5 millions d'enfants de moins de 15 ans. L'Afrique sub-saharienne enregistre des taux records mais l'Afrique du Nord n'est pas épargnée. Quelle est la situation en Algérie ? Le docteur Zemit, spécialiste en maladies infectieuses à El Kettar, nous parle de cette maladie. « L'Algérie est un pays à faible prévalence. Cependant, selon les chiffres fournis par l'institut pasteur et datant d'avant le 31 octobre 2010, le nombre de cas cumulés depuis 1985 de SIDA maladie est de 1124 cas et 4769 séropositifs», rapporte-t-elle. «Les chiffres concernant le nombre de séropositifs sont éloquents même s'ils ne sont pas révélateurs de la véritable prévalence de la maladie en raison d'un dépistage qui n'est pas systématique», ajoute-t-elle. «Les hommes, âgés de 20 à 49 ans, actifs sexuellement, sont les plus touchés par rapport aux femmes en Algérie», selon elle. La femme ne se sait séropositive qu'après la mort de son mari, lors d'un bilan systématique au cours de la grossesse ou lors de la manifestation de sa maladie, vu les tabous, la femme ne se présente qu'exceptionnellement pour un dépistage volontaire, selon la spécialiste. Les différents modes de transmission sont les rapports sexuels non protégés essentiellement, ensuite l'usage des seringues dans la consommation des drogues et la transmission verticale de la mère à son enfant. Depuis le contrôle systématique des poches de sang, la transfusion ne constitue plus de danger. «Une soixantaine d'enfants infectés par le virus sont suivis à notre niveau», rapporte le docteur Zemit. Et selon elle, si les mamans faisaient systématiquement des sérologies au début de la grossesse, bon nombre d'enfants seraient épargnés puisque le risque de transmission est de moins 1% lorsque les mamans sont dépistées et bien prises en charge. La prise en charge des malades se fait gratuitement dans de nombreux centres de référence au niveau national à Tamanrasset, Sétif, Constantine, Annaba, Oran et Alger. «Ce qu'il faut savoir c'est que la trithérapie a permis de rallonger la vie des malades et de leur conférer une meilleure qualité de vie. Depuis la mise sur le marché de ces médicaments, le SIDA est devenu une maladie chronique que l'on peut stabiliser tout comme le diabète ou l'hypertension artérielle», ajoute-t-elle. «Malheureusement, nous connaissons de temps à autre des ruptures de stocks, ce qui portent préjudices aux malades, c'est ce qui s'est passé l'été dernier, où on devait répartir le peu de médicaments que nous avions sur l'ensemble des malades», rapporte-t-elle. «De plus, il y a la défaillance de la prise en charge sociale et psychologique des malades qui disparaissent parfois dans la nature et reviennent à un stade très avancé de leur maladie», s'exclame-t-elle. Les déterminants de l'épidémie VIH en Algérie sont les infections sexuellement transmissibles, la vulnérabilité croissante des femmes, un environnement favorisant les situations et les comportements à risque, la faiblesse du mouvement associatif et de l'implication de la société civile, la migration nationale et internationale et la détérioration des conditions socioéconomiques. «La prévention par la parfaite connaissance des modes de transmission de la maladie (sexe, sang et transmission maternelle) reste le meilleur moyen de lutte contre ce fléau. Et ceci par la sensibilisation de toutes les tranches d'âge, et tout le temps pas seulement au mois de décembre», insiste la spécialiste. La société algérienne continue à stigmatiser les sidéens. Une culture du tabou et du rejet qui facilite la prolifération de la maladie car la révéler mène à l'exclusion. Il faut pourtant faire avancer la prévention en Algérie car le SIDA n'est pas une maladie qui touche les autres, on peut tous être infectés un jour !