Photo : Lylia M. Beaucoup d'encre a coulé et continue de couler sur le prétendu monopole de l'ANEP sur le marché de la publicité. Ce trésor d'Ali Baba serait détourné, aux dires d'une certaine presse, pour maintenir quelques titres, toujours du secteur public, sous perfusion. On n'arrête pas de nous servir et de nous resservir ce plat réchauffé : la presse publique «bouffe» à longueur d'année les deniers de l'Etat. Pourtant la vérité des chiffres rattrape tous les mensonges. Les chiffres les plus crédibles créditent l'ANEP d'une part à hauteur de 55% sur le marché global de la publicité. Ces 55% - et il est loisible de le vérifier - sont «répartis» sur l'ensemble de la presse nationale, à l'exception de ceux qui refusent de traiter avec l'Agence nationale d'édition et publicité. C'est dire que la rengaine d'une presse publique privilégiée n'est en fait qu'une manière de détourner l'attention vers un faux débat, encore un, sur la réalité du marché de la publicité. Car, pendant que l'«on» tire à boulets rouges sur l'ANEP et la presse publique, les 45% qui restent du marché, détenus par des boîtes privées, se distribuent dans une opacité totale et loin de toute équité. Quels sont donc les critères qui président au choix des supports pour les actions de promotion et de marketing des opérateurs de téléphonie mobile ou des concessionnaires autos ? C'est le flou le plus total. Les doubles facturations, les ristournes et les relations intimes sont une règle. Mais personnes n'en parle. La loi de l'omerta est parfaitement respectée. On n'arrête pas de demander des comptes à l'ANEP, mais en parallèle on reste sourd et muet face aux pratiques douteuses des autres. Personne n'ose demander sur quelle base la presse publique est privée de près de la moitié de la «manne» publicitaire. Chez certains opérateurs privés, la seule réponse qu'on donne est : «On ne donne pas de la pub au secteur public». Pour le reste, c'est le silence total sur ces 45% du marché gérés dans le noir.