L'Arabie saoudite a bombardé, hier, pour la seconde journée de suite, les positions des Houthis dans au moins six provinces dans le nord et l'est du Yémen. Notamment Saâda où le chef rebelle Abdul-Malik al-Houthi se trouverait, le camp militaire al-Sana, dans la région d'Arhab, dirigé par des commandants loyaux à l'ancien président Ali Abdullah Saleh, et Marib, une région riche en hydrocarbures et où les rebelles disposeraient de radars qu'ils pourraient utiliser pour traquer les avions de la coalition militaire (une dizaine de pays) menée par les Saoudiens. Premier bilan officiel : 39 morts « L'opération Tempête décisive contre les positions des Houthis au Yémen menée par les forces saoudiennes en coordination avec les autres forces de la coalition se poursuivra jusqu'à ce que les objectifs soient atteints », a déclaré le général Ahmed Asseri, porte-parole de l'armée saoudienne, lors d'un point de presse à Riyad, transmis en direct sur les chaînes de télévision du Royaume. Nature de ces objectifs ? « Le retour à la légalité », répond-il, précisant qu'il n'est pas prévu, pour le moment, de mener des opérations terrestres. Selon les experts, ces raids pourraient avoir des résultats limités sans une intervention terrestre qui reste peu probable en raison d'un enlisement. Selon John Marks, expert du Moyen-Orient à l'Institut Chatham House, « se contenter d'écraser les Houthis changera certes la dynamique des factions, mais cela pourrait favoriser des groupes ultra-radicaux sunnites », comme al-Qaïda et Daech. « Si la nécessité s'en fait sentir, les forces terrestres saoudiennes et celles de ses amis sont prêtes et repousseront toute agression », a annoncé le général Ahmed Asseri. Certains médias font état d'une mobilisation de 150.000 militaires amassés aux frontières avec le Yémen. L'armée marocaine aurait été mise en état d'alerte aussi. Selon le quotidien Al Massae, les congés auraient été suspendus et les militaires qui sont en congé ont été invités à regagner les casernes. Selon Riyad, les raids menés jeudi dernier ont permis de détruire la défense aérienne des milices houthies, des dépôts d'armes sous leur contrôle et la tombe du frère d'al-Houthi, le fondateur du groupe. Abdel Malek al-Houthi a présenté ces frappes comme une « invasion » et averti que les « Yéménites ne vont pas rester sans réagir ». L'Iran, qui a dénoncé aussi ces frappes, met en garde contre une propagation du conflit. « Les Iraniens sont ceux qui s'ingèrent dans les affaires des pays arabes, que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen, ce que nous ne pouvons pas tolérer », a déclaré l'ambassadeur saoudien à Washington, Adel al-Jubeir, sur Fox News. « Nous devons faire face à l'agression de l'Iran dans la région. Nous nous opposons à leur soutien aux Houthis et à la tentative des Houthis de s'emparer du Yémen », dit-il, accusant les Iraniens de vouloir « dominer la région ». Plusieurs pays occidentaux ont serré les rangs derrière l'Arabie saoudite qui a une longue frontière avec le Yémen. Les Etats-Unis ont annoncé « un soutien logistique et de renseignement », avec notamment des avions ravitailleurs et des avions radars Awacs. Ils ont réaffirmé aussi leur soutien au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s'est réfugié, jeudi dernier, à Riyad et de là au Caire, pour participer au sommet arabe qui s'ouvre aujourd'hui à Charm El Cheikh. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a exprimé, lui aussi, le « soutien total » de l'organisation à cette intervention militaire. « C'est une opération contre des cibles appartenant aux Houthis qui ont mené un coup d'Etat », dit-il durant une réunion des chefs de la diplomatie arabes préparant le sommet annuel de la Ligue.