Une intervention militaire conduite par l'Arabie saoudite impliquant une dizaine de pays arabes a été lancée jeudi au Yémen pour venir en aide au président Abd Rabbo Mansour Hadi, incapable de faire face à l'avancée des Houthis qui contrôlent plusieurs villes du pays dont la capitale. L'opération baptisée "Tempête décisive" a été déclenchée tôt jeudi par des frappes sur différentes positions des rebelles Houthis, ces miliciens chiites qui se sont approchés ces derniers jours d'Aden, la grande ville du sud où s'est réfugié le chef de l'Etat. La démarche de l'Arabie Saoudite fait suite à plusieurs appels à l'aide émanant du camp du président Hadi. L'intervention militaire "vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi de prendre le contrôle du pays", a expliqué l'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, Adel al-Jubeir, à Washington. La coalition "fera tout ce qu'il faudra" pour rétablir la stabilité, a prévenu l'ambassadeur saoudien à Washington. Ainsi, l'Arabie Saoudite a mobilisé 150.000 militaires et dix avions de combat alors que les Emirats Arabes Unis ont engagé 30 avions de combat, Bahreïn et Koweït 15 appareils chacun et le Qatar 10, a indiqué la chaîne de télévision Al-Arabiya. Hormis ces pays du Golfe, voisins du Yémen, cette opération militaire mobilise d'autres pays arabes comme l'Egypte, la Jordanie, le Soudan et le Pakistan qui ont confirmé officiellement leur participation. Cependant, aucune implication de pays européens n'a été annoncée. Les Etats-Unis, ont, pour leur part, annoncé fournir un soutien en logistique et en renseignement à cette coalition. A Washington, le président Barack Obama "a autorisé la fourniture d'un soutien en logistique et en renseignement aux opérations militaires menées par le CCG", le Conseil de coopération du Golfe, a déclaré Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC) de la présidence. "Nous appelons fermement les Houthis à cesser immédiatement leurs actions militaires déstabilisatrices et à revenir aux négociations qui font partie du dialogue politique", a poursuivi la porte-parole. Par ailleurs, l'Iran a été le premier pays à dénoncer cette intervention, la qualifiant de "démarche dangereuse (...) violant les responsabilités internationales et la souveraineté nationale". L'action militaire va ‘‘encore plus compliquer la situation", a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, dans un communiqué. Intenses bombardements à Sanaa De violentes explosions ont secoué la capitale. Les premières frappes ont visé plusieurs sites sensibles tenus par la rébellion à Sanaa, dont une base aérienne et le palais présidentiel, où un incendie s'est déclaré, selon des sources militaires au Yémen et des témoins. Les habitations étaient secouées par la force des explosions et au moins 14 civils ont été tués dans un quartier de la capitale, selon une source de la défense civile. Les raids ont "détruit les défenses aériennes des rebelles houthis, la base aérienne Al-Daïlami (attenante à l'aéroport de Sanaa), des batteries de missiles SAM et 4 avions de combat", selon un premier bilan cité par l'agence saoudienne SPA. L'aviation saoudienne "a pratiquement sécurisé l'espace aérien yéménite où elle s'emploie à mettre en place une large zone d'exclusion aérienne", a déclaré un conseiller saoudien. Les forces loyales au président ont repris jeudi l'aéroport d'Aden, qui était passé sous le contrôle des forces anti-gouvernementales la veille, selon un officier de sécurité. Les quartiers touchés jouxtent l'aéroport et une base aérienne dont l'unique piste a été visée par les bombardements. Un campement des forces spéciales également. Les tirs de défense anti-aérienne ont secoué la capitale, mais les raids ont cessé aux premières heures de la journée, selon des habitants. Les Houthistes progressent vers le Sud Cette opération intervient alors que les miliciens chiites progressent vers le sud du pays et la grande ville d'Aden, où le président Hadi est réfugié depuis sa fuite de Sanaa au mois de février. La prise de la ville du sud n'est plus qu'une question d'heures, selon un porte-parole des houthistes. Plusieurs membres de la garde présidentielle affirmaient mercredi que le président Abd Rabbo Mansour Hadi avait été contraint de quitter son refuge d'Aden, sans indiquer le lieu où il pourrait avoir fui. Pour ajouter au chaos, l'organisation autoproclamée Etat islamique (daech), qui sévit dans plusieurs pays arabes, vient de revendiquer sa première attaque au Yémen, qui a fait vendredi plus de 140 morts dans des mosquées à Sanaa. La crise au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, s'est envenimée depuis septembre 2014 quand les Houthis ont déferlé sur Sanaa pour y contester le pouvoir de M. Hadi et dénoncer un projet de Constitution sur un Etat fédéral qui priverait son fief dans le Nord d'un accès à la mer.