A Washington, le département d'Etat s'est dit « inquiet de l'extension du conflit » à la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen, appelant l'ensemble des parties à « protéger les populations civiles et limiter les dégâts occasionnées aux infrastructures civiles ». Selon un conseiller du gouvernement saoudien, des appareils saoudiens ont bombardé mercredi et jeudi des positions des rebelles chiites zaïdites dans des régions yéménites frontalières de l'Arabie Saoudite. « Ils sont durement frappés », a-t-il dit jeudi, sous le couvert de l'anonymat. Les raids ont été menés contre des campements rebelles dans la province frontalière yéménite de Saada, fief de la rébellion, à 240 km au nord de Sanaa, a ajouté ce conseiller. « Une petite portion de territoire (saoudien) a été reprise aux rebelles et leurs camps autour de Saada ont été touchés ». « Ce n'est pas une opération éclair, c'est une action qui va durer et qui peut inclure une incursion terrestre » au Yémen pour « nettoyer les camps rebelles », en coordination avec les autorités yéménites, selon lui. Néanmoins, dans un communiqué publié par l'agence officielle SPA, le gouvernement saoudien n'a pas parlé de bombardements aériens ou terrestres en territoire yéménite, mais contre des positions des rebelles « à l'intérieur du territoire saoudien » près de la région frontalière de Jebel Doukhan. Les raids ont été menés à partir de la province de Jizane (sud saoudien) pour « neutraliser les tirs des intrus » et nettoyer les zones où ont lieu les incursions des rebelles en territoire saoudien, a dit le gouvernement. Les autorités yéménites ont, pour leur part, nié des raids saoudiens en territoire yéménite. Les opérations saoudiennes sont survenues après une attaque menée mardi par des rebelles infiltrés en territoire saoudien qui ont tiré sur les gardes-frontières, tuant l'un d'eux et en blessant 11. Ils ont incendié six véhicules et occupé deux villages avant d'être expulsés par les forces saoudiennes, a dit le gouvernement. Des images publiées sur le site internet saoudien jazannews.org montrent des maisons dans des villages saoudiens endommagées par des tirs présumés de mortier des rebelles. Pour le gouvernement saoudien, les raids étaient nécessaires pour empêcher les rebelles d'ouvrir le feu sur le territoire saoudien. Les rebelles, qui accusent Riyad de soutenir le gouvernement du président Ali Abdallah Saleh, ont affirmé que l'aviation saoudienne avait mené une série de raids sur leurs positions dans le nord du Yémen, près de la frontière. L'Arabie Saoudite dit soutenir politiquement les autorités yéménites sans jamais évoquer de soutien militaire. Pour un responsable saoudien qui a requis l'anonymat, « les Saoudiens sont très en colère contre les incursions d'un groupe qui a le soutien de l'Iran ». Sanaa accuse les rebelles de recevoir des financements « de certains dignitaires en Iran », tout en évitant d'accuser le pouvoir. Les rebelles démentent. Les combats entre rebelles et l'armée yéménite ont éclaté le 11 août dans le cadre d'un conflit récurrent depuis 2004, et ont fait jusqu'à présent des centaines de morts et de blessés et quelque 150 000 déplacés. Le pouvoir accuse les rebelles de vouloir rétablir le règne de l'imamat zaïdite, renversé en 1962. Les rebelles s'en défendent en affirmant réclamer un développement « socioéconomique de Saada ».