D'Iflissen à Fréha en passant par Boghni, la Kabylie n'a cessé de se mobiliser en se réappropriant l'espace de la résistance contre toutes les attaques. La mobilisation se trouve la seule parade de lutte contre les rapts et kidnappings. A chaque fois que la population s'est soulevée comme un seul homme, les groupes armés ont vite reculé devant la détermination citoyenne. Le premier refus remonte au mois de septembre 1994 lorsque le 25 de ce mois Lounès Matoub, le chantre de la chanson kabyle attablé dans un restaurant sur la route de Takhoukht près de Tizi-Ouzou avait été surpris par l'incursion d'un groupe armé du GIA. La mobilisation en Kabylie et l'ultimatum lancé au GIA avaient fini par payer puisque 15 jours plus tard, Matoub Lounès a été relâché à Béni-Yenni. La seconde mobilisation est intervenue le 1er Novembre 2009, au village Issenadjen, dans la région d'Iflissen. La population locale s'est mobilisée pour défier le terrorisme et réussir, après un ultimatum de 24 heures, à libérer sain et sauf, et sans versement d'une quelconque rançon, un commerçant enlevé par un groupe armé qui n'avait plus de choix que de céder devant la pression populaire. Six mois après, vers la fin du mois de mars dernier, ce fut un autre village celui de Aït Kouffi, dans la région de Boghni, a réagi de la même manière pour défendre l'honneur du village dont un habitant, H. A, un entrepreneur en retraite, venait d'être enlevé par un groupe armé qui avait exigé de sa famille le paiement d'une rançon de 3 milliards de centimes contre sa libération. Comme à Issenadjen la population avait organisé des battues dans le massif de Tala-Guillef pour retrouver le retraité de 81 ans. Les Ath Djennad ont emboîté le pas par deux fois cette année à Issenadjen et à Aït Kouffi pour exiger et obtenir la libération de deux des leurs. La première fois ce fut au début du mois de juillet dernier, plus exactement le 03 juillet 2010 lorsqu'un commerçant de la région a été enlevé. La seconde le fut tout récemment avec l'enlèvement le dimanche 15 novembre soit à la veille de l'Aïd El Adha du cousin d'un grand entrepreneur connu dans la région qui était en compagnie de ce dernier qui avait, malheureusement, succombé finalement à ses blessures par balles tirées par le groupe armé composé de 04 individus. La mobilisation citoyenne reste la seule parade et surtout une arme contre les kidnappings qui dévitalisent un peu plus l'économie et le développement de la région, car il faut dire que pour le reste des enlèvements des rançons ont été payées. Il faut dire que même leur enfant libéré les Ath Djennad avaient maintenu la mobilisation à laquelle ils avaient appelé pour exprimer leur colère. Et pour dire basta aux kidnappings dans la région mais aussi pour lancer un message clair aux groupes armés quant à leur détermination à mener le combat de la dignité et de l'honneur.