Fin d'un long et éprouvant cauchemar pour le jeune Lounès I., âgé de 33 ans, enlevé le 4 juillet par un groupe armé à Fréha (28 km à l'est de Tizi Ouzou). Après une semaine de captivité, il a été libéré hier vers 3h30 sain et sauf par ses ravisseurs et a pu rejoindre son domicile. En nous rendant dans son village natal, Azrou, perché sur une petite colline qui surplombe la vallée de Fréha, le premier constat que nous faisons, c'est celui du soulagement. Devant la demeure familiale située au centre du village, ils étaient nombreux à venir faire part de leur soulagement. Pratiquement tous les habitants du village étaient là ainsi que d'autres venus des hameaux environnants. Hormis les marques de satisfaction et de soulagement, il était extrêmement difficile d'avoir d'autres informations ou des détails sur les conditions de sa captivité. Les informations sont distillées au compte-gouttes. On nous confirme l'information déjà obtenue la matinée et selon laquelle le jeune Lounès avait été «évacué» vers une destination inconnue des membres de sa famille. Nous insistons pour parler à un membre de sa famille. Peine perdue : motus et bouche cousue. On ne veut rien dire. «On se contente de savourer ce moment tant attendu et qui est devenu réalité grâce à la mobilisation de la population», nous dit-on. Un proche de la famille a accepté tout de même, mais à doses homéopathiques, de nous dire que c'est son frère qui a été informé par un coup de téléphone de la libération. «Ceux qui l'ont appelé lui ont indiqué le lieu où il pouvait venir le récupérer». Fin de citation. En effet, il a été retrouvé au bord de la route, non loin de la localité de Chaïb, sur la route de Mekla. Nous avons appris également sur place que le désormais ex-otage était fatigué à cause de sa maladie. «L'essentiel, c'est qu'il ait recouvert sa liberté», nous lancera un autre habitant du village dont le visage dégageait des signes de satisfaction. Il est aussi utile de signaler que tous ceux que nous avons questionnés confirment qu'aucune rançon n'a été versée aux ravisseurs. En essayant d'avoir les impressions de quelques villageois, ces derniers n'ont qu'un seul mot à la bouche : remercier tous ceux qui se sont mobilisés pour obtenir cette libération. Un véritable acte de résistance «On ne sait comment trouver les mots justes pour exprimer nos remerciements et notre reconnaissance envers la population qui s'est mobilisée comme un seul homme et qui a refusé d'abdiquer en faisant preuve d'un véritable acte de résistance», nous dira un quinquagénaire. C'est le soulagement parfait et la joie totale dans toute la wilaya de Tizi Ouzou et plus particulièrement au niveau de la région d'Ath Jennad et du village de la victime, Azrou. Depuis l'enlèvement de la victime, l'ensemble des villages de la région des Ath Jennad n'ont pas relâché la mobilisation pour exiger sa libération sans aucune condition, refusant ainsi de courber l'échine devant les ravisseurs. Enfin, ce sont ces derniers qui ont abdiqué devant la pression populaire. Durant toute la période de la captivité, un vaste élan de solidarité et de soutien a été entrepris par la population locale, voire des autres communes, multipliant les actions de protestation, grèves, sit-in, etc. Avant-hier seulement, une marche populaire qui a drainé des milliers de personnes a été organisée au chef-lieu de la commune de Fréha, pour dire basta aux kidnappings. Les terroristes qui ont vu la mobilisation grandir chaque jour ont cédé, encore une fois, devant la volonté de la population, plus que jamais unie contre le terrorisme. 51 enlèvements à Tizi Ouzou Pour rappel, ce n'est pas la première fois que les terroristes reviennent sur leur décision après un enlèvement (51 cas ont été enregistrés à Tizi Ouzou depuis l'avènement du phénomène). Les habitants du village Issenadjen, dans la commune maritime d'Iflissen, étaient les premiers à briser le mur de la peur et à tenir tête aux terroristes pour exiger la libération de l'un des leurs en novembre de l'année dernière. Ce qu'ils ont effectivement obtenu grâce à une mobilisation inouïe. Quelques mois plus tard, au mois d'avril dernier, c'est au tour des villageois d'Ath kouffi, dans la commune de Boghni, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, d'emboîter le pas à ceux d'Iflissen pour réussir à faire libérer un homme de 81 ans après un mois de captivité.