Pour marquer cette adhésion, une cérémonie à huis clos s'est déroulée au siège du tribunal à La Haye, aux Pays-Bas. « Nous ne cherchons pas la vengeance, mais la justice », a déclaré, lors d'une conférence à l'Institut des sciences sociales (ISS) de La Haye, la veille de cette cérémonie, Riyad Al-Maliki, le ministre palestinien des Affaires étrangères, qui s'est vu remettre, comme le veut le protocole, des mains de la juge japonaise Kuniko Ozaki, un exemplaire du Traité fondateur de Rome. Selon certains analystes, cette adhésion pourrait enterrer la reprise du processus de paix qui est déjà à l'agonie. Elle permet, expliquent-ils, aux Palestiniens de déposer de facto une plainte contre les agissements d'Israël depuis le début de la « colonisation ». Selon le Fatah, la première plainte qui sera déposée portera sur les crimes perpétrés après le 13 juin 2014, quand l'Etat de Benyamin Netanyahu a lancé son offensive « Bordure protectrice » sur Gaza. Plus de 2.200 morts en majorité des civils en 50 jours. Fin 2014, les Palestiniens ont décidé, malgré les pressions américaines et israéliennes, de rejoindre la CPI, qui a pour vocation de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, après avoir vu rejeté par le Conseil de sécurité un projet de résolution mettant fin à l'occupation israélienne dans les trois ans. Parallèlement à cette demande d'adhésion, le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé à la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, à enquêter sur des crimes commis à Gaza. Mme Bensouda a lancé un examen préliminaire, étape préalable à l'ouverture éventuelle d'une enquête. « Aujourd'hui, nous sommes à armes égales » avec les Israéliens, assure Nabil Abouznaid, chef de la délégation de Palestine aux Pays-Bas. « Peut-être que nous serons aussi visés par des enquêtes, mais nous n'avons pas peur », dit-il. « Aujourd'hui, nous sommes à armes égales, ils peuvent être mes voisins de prison à Scheveningen », le centre de détention de la Cour, « mais cette fois, ils ne détiennent pas les clés », assure le diplomate. Une chose est sûre : les Israéliens ne pourront plus réprimer les Palestiniens et appliquer l'apartheid comme ils veulent. La « guerre » judiciaire a commencé.