Une foule nombreuse s'est déplacée, hier, en début d'après-midi, au cimetière d'Oued Rommane à Alger, pour rendre un dernier hommage à Sid Ali Kouiret, décédé, dimanche suite à une longue maladie. Il a ainsi rejoint Mustapha Kateb, son maître spirituel, Fatiha Berber, Azeddine Medjoubi, Abdelkader Alloula, Abderahmane Kaki, Larbi Zekkal, Mohamed Tahar Foudala et bien d'autres monuments des quatrième et septième arts. Des amis, des proches, des admirateurs, des personnalités politiques et sportives, la communauté artistique ont tenu à accompagner le grand comédien jusqu'à sa dernière demeure. On pouvait y distinguer des grands noms du cinéma avec lesquels, le défunt a beaucoup travaillé, tels le réalisateur El Ghaouti Bendeddouche, Boudjemaâ Kareche, l'ancien directeur de la Cinémathèque algérienne, Abdelkader Benadameche, journaliste écrivain et président du Conseil national des arts et des lettres, le comédien Saïd Hilmi, ou encore le crooner de toujours Mohamed Lamari. « C'est une perte et pour le cinéma et pour le théâtre. C'est une perte pour tous les Algériens et surtout pour le public des humbles qu'il incarnait avec dignité et courage. Sid-Ali Kouiret était un monsieur qui s'est transcendé. Issu d'une famille pauvre dont il se revendiquait avec fierté et malgré une scolarité défaillante, il s'est construit dans l'intelligence et dans la culture pour devenir un homme absolument magnifique. Cultivé. Un comédien d'instinct qui transcende l'intelligence. C'est d'ailleurs pourquoi, il forçait mon admiration, mon amitié et mon respect. Il avait un don d'imitation extraordinaire. Il adorait regarder les dessins animés parce qu'il a gardé son âme d'enfant. Et comme dit le poète, malheur à l'homme qui n'est plus enfant », souligne le grand comédien et homme de théâtre Sid-Ahmed Agoumi, qui a tourné plusieurs films et pièces théâtrales avec le défunt. Pour l'avoir impliqué dans son film Le Commissaire Llob, le réalisateur-producteur Bachir Derraïs garde de nombreux souvenirs du héros du film l'Opium et le bâton d'Ahmed Rachedi. « C'est un comédien comme on n'en fait plus aujourd'hui. C'est une vedette du cinéma. Il regorgeait de qualités. Décontraction totale, humour, il ne se prenait pas trop au sérieux. Il aimait ce qu'il fait. Modeste, il respectait ses partenaires, les réalisateurs, l'équipe technique. Il s'entendait beaucoup avec les jeunes. Il se fondait avec eux sans coup férir. Sid-Ali avait beaucoup de charisme. Il faut dire que très peu de comédiens dans le monde jouissent d'une telle stature. Je citerai en exemple, le comédien américain, Al Pacino. Sid-Ali était aussi un homme d'un professionnalisme rigoureux. Il exigeait le texte avant de jouer et venait très tôt sur les plateaux pour assurer les répétitions. » Un avis partagé par tous les artistes et les acteurs de l'univers cinématographique du pays, tels que le journaliste-scénariste Boukhalfa Amazit pour qui, Sid-Ali Kouiret fut un « être d'exception dont le personnage influait sur l'ensemble des rôles qu'il avait joués, y compris ceux de Tchekhov, Shakespeare ou de Berthold Brecht ».