Les lendemains de « l'entente historique » entre l'Iran et les 5+1 ont déchanté l'autre Amérique des néo-conservateurs et de l'« enfant gâté », coupable de nouvelles exigences portant sur une reconnaissance « claire et sans ambiguïté » de l'Etat d'Israël par l'Iran. Une conditionnalité balayée d'un revers de main par le président Barack Obama qui la considère comme une « erreur de jugement fondamentale ». En marge du consensus international, intégrant même les faucons du groupe des 5+1, le camp des opposants est davantage fragilisé par la caution de l'opinion publique, représentée significativement par les groupes de pression juifs, arabes et iraniens. Dans un communiqué commun publié, lundi dernier, Arab American Institute, le Mouvement juif américain progressiste et le National Iranian American Council ont souligné qu'« en tant qu'Arabes Américains, juifs américains et Irano-Américains, nous sommes particulièrement sensibles à ce que cet accord peut signifier pour le Moyen-Orient » en faveur d'une « réduction des tensions régionales » et d'une « résolution de nombreux conflits ». Laminés par la victoire diplomatique d'Obama, les Républicains ne désespèrent pas de renverser la tendance pour s'inscrire en force dans la bataille de la présidentielle qui dévoile déjà ses premiers candidats. Derrière le favori en puissance, Jeb Bush, menant largement dans les sondages des primaires, l'entrée en scène de Ted Cruz et du précurseur de Tea Party, le sénateur Rand Paul, a lancé la compétition pour l'investiture républicaine. La bataille de la présidentielle 2017 annonce donc un bras de fer au cœur même de la puissante institution du Congrès, majoritairement républicain. La première salve est lancée par le Sénat, stigmatisant les concessions faites à la partie iranienne. Pour sa première sortie depuis l'annonce de l'accord-cadre, le chef de la majorité, Mitch McConnell, a demandé des explications sur les raisons de la « réduction de la pression contre l'un des Etats qui soutient le plus le terrorisme ». L'homme fort maintient la pression sur la Maison-Blanche qui devra passer le test du Congrès. La loi dite Corker (républicain)-Menendez (démocrate) sera incessamment examinée par la Chambre haute, et plus tard par la Chambre des représentants. Elle obligerait Barack Obama à donner 60 jours au Congrès pour débattre et, éventuellement, bloquer par vote tout accord final sur le nucléaire. Face aux critiques des Républicains qui contestent le maintien des milliers de centrifugeuses, l'ouverture du site Fordo et la levée des sanctions, la Maison-Blanche ne veut pas céder sur l'approche diplomatique et revendique plus de temps, du moins jusqu'à la date de la finalisation de l'accord, le 30 juin, pour s'assurer de la bonne foi de l'Iran.