La hache de guerre est déterrée entre les démocrates et les républicains bravant l'autorité du président Obama et jetant un grave discrédit sur les négociations avec l'Iran. Le désaveu républicain fragilise la Maison-Blanche pleinement convaincue du bien-fondé de l'accord et de sa portée stratégique. Erigé en priorité des priorités, le deal patiemment élaboré vise à concrétiser le rapprochement irano-américain jugé incontournable pour une meilleure coopération dans la lutte contre le terrorisme, plus particulièrement à l'orée de la bataille contre Daech en Irak qui s'avère décisive. De l'offensive de Tikrit « menant vers Mossoul », l'engagement terrestre iranien pallie l'impuissance d'une coalition internationale qui se consacre exclusivement aux frappes aériennes en confiant le combat au sol à l'armée irakienne et aux Kurdes. Mais les limites du « tapis de bombes » sur l'Irak, relevées par le chef d'état-major interarmée, le général Martin Dempsey, imposent une révision déchirante de cette stratégie inefficiente et le revirement en termes d'alliances. En dépit de toutes les assurances apportées par le secrétaire d'Etat John Kerry aux alliés régionaux et à Israël, la normalisation en marche avec Téhéran a suscité une levée de boucliers des républicains et du... Premier ministre israélien défiant publiquement Obama lors de sa visite à Washington. Il a prononcé, au début du mois, un double discours devant le lobby juif, lors de la conférence annuelle de l'Aipac, et face aux deux Chambres du Congrès. Dans cette logique de rupture, l'assaut républicain a porté le coup de grâce au processus de négociations. Dans une lettre envoyée le 9 mars à Téhéran, les 47 des 54 sénateurs républicains ont déclaré nul et non avenu un quelconque accord sans l'aval du Congrès. Cette lettre a été vertement dénoncée par le vice-président, Joe Biden, jugeant « indigne d'une institution que je vénère » l'initiative républicaine qui vise à « saper l'autorité d'un Président en exercice à mi-chemin de négociations internationales sensibles ». Il s'agit, dira-t-il, d'un dangereux précédent pour les futurs présidents démocrates ou républicains. Le bras de fer a conduit les démocrates à faire barrage aux attaques de leurs rivaux accusés, au mieux, de faire « front commun avec les partisans iraniens de la ligne dure » et, au pire, une ingérence directe d'un parti politique dans les négociations internationales. A l'approche de la fin du second mandat d'Obama, la bataille de la présidentielle de 2016 bat son plein et semble se décliner en un face-à-face à haute tension entre Hillary Clinton et Jeb Bush.