La question yéménite est de nouveau sur la table onusienne. Le Conseil de sécurité s'est réuni hier pour se prononcer sur un projet de résolution déposé par la Jordanie au nom du groupe arabe. L'arme des sanctions est brandie contre les rebelles Houtis sommés de mettre fin aux hostilités et de quitter le pouvoir « immédiatement et sans conditions » et leur allié, Ahmed Ali Abdallah Saleh, le fils de l'ex-président du Yémen. Comme ce texte renouvelle son soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, et somme les Houtis à cesser les hostilités, il pourrait être rejeté par la Russie. Moscou estime que la coalition doit cesser, elle aussi, ses opérations militaires. Outre le risque d'escalade, cette démarche traduit clairement l'enlisement de la coalition incapable de freiner la progression des Houtis maitres de Sanaa et de certains quartiers d'Aden. Malgré le soutien affiché par les Etats-Unis déterminés à ne pas abandonner leurs « alliés et amis » et soutenir « tous ceux qui ressentaient la menace » iranienne, l'offensive « tempête décisive » n'atteint aucun objectif et, encore moins, le rétablissement du président en fuite en Arabie Saoudite, Abd Rabbo Mansour Hadi. L'échec de l'intervention militaire, davantage confirmé par les déboires de l'autre coalition internationale en Irak, montre à l'évidence que les bombes restent sans effet sur le changement du rapport de forces et que, en définitive, les raids aériens ne constituent pas une solution à la crise. Bien au contraire ! La situation vire au drame humanitaire. Trois semaines après le déclenchement, le 26 mars de « la Tempête décisive », les 1200 raids ont fait des centaines de morts dont une grande partie de civils et des milliers de blessés, selon l'Onu. A Aden, comme à Sanaa, la population locale souffre le martyre de l'exode, des pénuries et de la famine. Pas moins de 16.000 personnes sont dans l'incapacité de quitter le Yémen, selon l'Organisation internationale pour les migrations. La crise est identique à Sanaa. Des organisations humanitaires ont titré la sonnette d'alarme. Human Rights Watch (HRW) a imploré la coalition arabe de prendre « les mesures nécessaires pour réduire au maximum la souffrance des civils ». Face à une situation qui « se détériore d'heure en heure », selon l'Onu, le coordinateur des affaires humanitaires a plaidé pour une « pause humanitaire » destinée à l'acheminement de l'aide pour la population prise en otage dans une guerre sans issue.