«Si les réformes politiques ne sont pas mises en place, les gens vont de plus en plus y réfléchir, et on ne pourra pas les ignorer». Les Démocrates qui ont promis de retirer les troupes américaines d'Irak d'ici le 31 décembre 2011 opteraient-ils pour la partition du pays de Saddam Hussein en trois Etats, - chiite dans le Sud, sunnite au Centre et kurde dans le Nord-, une idée des néoconservateurs ? «Les problèmes de l'Irak pourraient être résolus par la création de régions selon les frontières ethno-confessionnelles», estime Taha Moustafa Adel, politologue de l'université de Diyala, reprenant l'avis du Council on Foreign Relations, le saint des saints des Think Tanks américains. Déçus par les tractations politiques et le pouvoir chiite central, les arabes sunnites qui ont été écartés de la vie publique après la chute de Saddam Hussein, leur coreligionnaire, en mars 2003, sont dans le désarroi. Ils envisagent de créer leur propre région autonome. «Les Kurdes sont au Kurdistan et ont leur propre budget. Les chiites ont le gouvernement et nous, nous n'avons rien, à part les raids des forces de sécurité et les arrestations», disent-ils n'excluant plus, si le gouvernement de Nour Al Maliki continue à les marginaliser, à utiliser une disposition de la Constitution : plusieurs provinces peuvent former, après référendum, une région. Les sunnites qui avaient rejeté cette Constitution pour son article sur les régions qui «peut entrainer l'éclatement du pays», semblent avoir changé d'avis depuis. L'idée de l'autonomie fait l'objet de discussions. «Si les réformes politiques ne sont pas mises en place, les gens vont de plus en plus y réfléchir, et on ne pourra pas les ignorer», reconnaît Abdel Karim al-Samarrai, un député d'Iraqiya de Samarra, capitale de Salaheddine, une des trois provinces du «Triangle sunnite» avec Anbar et Diyala. Cet éclatement qui ressemble énormément à celui qui est «programmé» au Soudan après le référendum de janvier prochain, confirme le bon vieux crédo «diviser pour régner». Il nourrit des «craintes» chez les voisins de l'Irak qui découvrent que son invasion en 2003 a été planifiée bien avant le 11 Septembre. Ils craignent une contagion de l'ensemble de la région par les violences confessionnelles. Israël se frotte les mains. Après les morcellements programmés des pays arabes et musulmans, proches ou lointains, aucun n'osera lui disputer le leadership politique, contester la suprématie militaire dans le Proche et Moyen-Orient ou s'opposer à son expansion territoriale