Le café littéraire de Bejaïa a invité, samedi dernier, deux conférenciers, Kamal Bouamara et Nacer Mehdi, pour débattre de la problématique de l'édition en langue amazigh pour le premier et de l'usage de la langue berbère sur les réseaux sociaux pour le second. Concernant le volet de l'édition, Kamal Bouamara estime que la production littéraire en langue amazighe a sans aucun doute significativement progressé. Les progrès accomplis ne concernent pas strictement le champ littéraire ou les sciences sociales, mais s'étendent également aux domaines religieux et aux disciplines scientifiques, comme les mathématiques ou la physique. Ces productions concernent tout aussi bien des dictionnaires et autres lexiques que des études à proprement parler. Toutefois, relève Kamal Bouamara, enseignant universitaire de langue et culture amazighs à Bejaïa et auteur, entre autres, du premier dictionnaire kabylo-kabyle, cette production, aussi fertile qu'elle puisse être, se heurte à un monde de l'édition qui ne favorise pas toujours cette créativité. Pour lui, les éditeurs manquent soit de moyens, soit de sérieux ou de professionnalisme. Quand ce n'est pas tout simplement d'honnêteté. C'est la raison pour laquelle beaucoup d'auteurs préfèrent garder dans les tiroirs leurs manuscrits, ou alors éditent à compte d'auteur, une alternative qui a entraîné une certaine dérive en matière de qualité mais également en droits d'auteur. Il considère, par ailleurs, que l'édition online, qui peut être une alternative, bute sur le mode de paiement pour la majorité du lectorat. Kamal Bouamara relève qu'il n'y a aucune voie pour l'édition de livres en langue berbère, alors que cette langue est reconnue comme langue nationale et dont le statut pourrait être relevé à celui de la seconde langue officielle du pays. L'orateur déplore, d'autre part, que le mécénat culturel n'existe pas chez nous, alors qu'il prolifère quand il s'agit de disciplines sportives par exemple. Nacer Mehdi, le second conférencier, également universitaire, s'est, quant à lui, attelé à classifier, en relation avec le contexte historique, l'édition et l'enseignement de la langue amazigh, et de mettre en exergue la place qu'occupe progressivement la langue amazigh sur internet, à travers un scan des différentes catégories de sites présents sur le web. Pour ce conférencier, internet a encouragé les berbérophones à produire en langue amazigh, et s'est révélé un outil efficace pour inscrire cette langue dans le paysage linguistique.