Près de la moitié de la production nationale de céréales sera perdue cette année en raison de la sécheresse, a affirmé hier à Alger le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui. « L'année agricole dépend des mois de mars et d'avril et celle en cours a connu une sécheresse qui n'a pas permis de récolter la totalité du blé dur, du blé tendre, de l'orge et même du foin », a-t-il déploré en introduction à la signature d'une convention entre la Fondation Filaha et l'UNPA pour l'encadrement des jeunes agriculteurs porteurs de projets. Selon lui, les trois pays du Maghreb sont concernés par ces pertes. M. Alioui a estimé que le fellah est sanctionné doublement car soumis également à des taxes devenues obligatoires depuis 2010. « Où était l'administration dans les années 1990 quand l'agriculteur se débattait dans les difficultés imposées par la conjoncture de l'époque ? », s'est-il interrogé. L'autre problème exposé par le SG de l'UNPA concerne « la mainmise » d'affairistes sur le secteur agricole et leur accaparement des terres par la formule du gré à gré, du stockage frigorifique ainsi que la désorganisation du marché. « Ces affairistes gagnent trois fois plus qu'un véritable fellah », a-t-il déploré. Dans ce sens, il cite le cas de la wilaya de Boumerdès où « 95% des éleveurs de la filière laitière n'ont pas de terres pendant que des pseudo-fellahs détournent des terres pour les promotions immobilières ». Sur la question des prix, M. Alioui a reproché au ministère du Commerce de libérer ceux des produits agricoles dans le cadre de la préparation de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) au détriment de l'agriculteur et du consommateur. C'est pourquoi il a relevé que la signature de la convention permettra d'encadrer les jeunes agriculteurs qui sont confrontés à des difficultés qui les poussent à abandonner le métier. Il s'agit, en fait, de « mettre en place des outils pédagogiques, scientifiques, matériels et d'informations pour réaliser un programme commun qui couvre les particularités de l'agriculture et de l'élevage dans son rôle social et économique », a expliqué le président de la Fondation Filaha, le Dr Amine Bensemane. L'objectif principal, selon lui, est de « prendre en considération les efforts qui seront déployés par les deux parties dans la perspective d'émanciper davantage l'agriculteur et l'éleveur et de préserver les terres agricoles dans le cadre du développement durable ».