La revalorisation du patrimoine bâti ne saurait se faire sans la valorisation de l'image des matériaux de construction locaux, a indiqué, dimanche dernier, à Tizi-Ouzou, la directrice du Centre national du patrimoine bâti (CAP Terre). Yasmine Terki qui participait à une rencontre internationale sur le patrimoine bâti, abritée par la maison de la culture Mouloud-Mammeri et qui a présenté une communication intitulée « Le CAPTerre, un nouvel opérateur du ministère de la Culture au service des architectures de terre », a souligné que toute démarche visant à valoriser le patrimoine bâti en terre « doit impérativement prendre en considération l'élément humain, qui doit avoir une image plus positive de ce type de construction ». Cette dévalorisation de l'image des matériaux locaux, avec à leur tête le matériau terre, est « induite » par la politique nationale en matière de formation universitaire, de formation professionnelle et de construction des logements et équipements publics, qui ont « dévalorisé les matériaux locaux au profit des matériaux industriels dans l'esprit de tous (populations, professionnels et décideurs », a-t-elle observé. Le patrimoine bâti en terre disparaît à cause de la dévalorisation des architectures en terre et la maison en béton est devenue « synonyme de réussite sociale, de richesse et d'intégration dans la modernité », a regretté Yasmine Terki. Selon elle, les différents intervenants opèrent « sans autorisation, ni contrôle des services techniques chargés de la culture pour des opérations de rénovation ». Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, des milliers de maisons traditionnelles ont été ainsi démolies pour laisser place à des immeubles en béton. Pour la sauvegarde et la revalorisation de ce patrimoine bâti en terre, la directrice de CAPTerre a préconisé un travail de réhabilitation de l'image de ce patrimoine dans l'esprit des acteurs de la construction, de la population et des décideurs locaux. « Sans l'implication des propriétaires, des professionnels et des décideurs, l'arsenal juridique mis en place par l'Etat pour sauvegarder cette composante de l'identité culturelle nationale se traduirait par des échecs qui sont, d'ailleurs, constatés sur le terrain par le refus des propriétaires d'entretenir leurs biens, le refus de réintégrer les biens réhabilités par l'Etat et l'engagement de travaux de rénovation sans autorisation ni contrôle des services techniques concernés », a observé Yasmine Terki. A ses yeux, c'est ce travail sur l'élément humain qui permettra d'aboutir à la revalorisation et à la préservation de sites d'une beauté inégalée et unique et d'une valeur inestimable tels que les balcons de Ghoufi (Batna), les gorges d'El Hamra (Biskra), les ksour de Ain Madhi (Laghouat), Bousemghoune (El Bayedh), Temacine (Ouargla).