La directrice du Centre national du patrimoine bâti en Terre Capterre, en charge de la réhabilitation de l'image des architectures de terre, au ministère de la Culture, a insisté, dimanche, à Tizi-Ouzou, sur la nécessité de réhabiliter l'image des architectures de terre. «Pour réussir à sauvegarder le patrimoine bâti en terre qui disparaît, il faut, à long terme, parvenir à réhabiliter l'image, dévalorisée, des architectures de terre, dans l'esprit des acteurs de la construction, de la population et des décideurs locaux », a-t-elle indiqué. Elle s'exprimait lors d'une rencontre internationale sur le patrimoine bâti qu'organise la direction de la Culture depuis dimanche à la maison de la culture Mouloud Mammeri sous le thème « le patrimoine bâti : entre expression culturelle et ressource territoriale ». « La dévalorisation de l'image des architectures de terre, essentiellement induite par la généralisation de l'emploi des matériaux industriels, empêche l'adhésion des populations et des décideurs locaux aux opérations de réhabilitation du patrimoine bâti en terre qui constitue une part majeure du patrimoine architectural algérien», a relevé l'intervenante. Dans sa communication intitulée «L'architecture comme véhicule identitaire», Mme Terki s'est attardée sur les missions et les objectifs de l'établissement qu'elle dirige, le Capterre, créé, a-t-elle rappelé, pour prendre en charge la préservation des centres historiques et, sauvegarder les architectures de terre. « Bien que le ministère de la Culture ait mis un arsenal législatif et des opérateurs en mesure de prendre en charge la préservation des centres historiques, ces derniers font face à un phénomène d'abandon massif au profit des nouveaux centres urbains ou ruraux induisant leur lente mais certaine disparition », a déploré la conférencière. A l'origine de ce phénomène d'abandon massif des centres historiques, la dévalorisation des matériaux locaux, principalement le matériau terre, et surtout leur image, au profit des matériaux industriels dans l'esprit des populations, professionnels et décideurs, selon l'intervenante qui a également fait cas de la non-valorisation des matériaux locaux dans la politique nationale en matière de formation universitaire et professionnelle, et, construction de logements et équipements publics. « La maison en béton est signe de réussite sociale, de richesse et d'intégration dans la modernité alors qu'une maison en terre constitue un signe d'échec social, de pauvreté, et de relégation dans le passé », a estimé la directrice du Centre national du patrimoine bâti en Terre Capterre. Yasmine Terki a défini les architectures de terre, l'ensemble des architectures qui utilisent la terre comme matériau de construction, le plus disponible sur la planète. « Les architectures de terre constituent la majorité du patrimoine architectural algérien », a-t-elle indiqué encore. Auparavant, le directeur de la Culture, El Hadi Ould Ali, a évoqué la question du patrimoine qui dépasse, a-t-il dit, la seule nécessité de protection et de mise en valeur. « La question du patrimoine intègre aussi bien, les questions liées à son usage que celles liées à son interprétation et à sa réappropriation dans la construction des nouvelles architectures », a-t-il indiqué à l'ouverture des travaux de cette rencontre internationale autour du patrimoine bâti. Cette rencontre, a-t-il poursuivi, doit être considérée come une ressource des territoires qui interagit avec une dimension socioculturelle qui ne peut être ignorée. « Le patrimoine et le territoire doivent être réfléchis globalement tout en agissant localement pour assurer un développement durable ».