Le lancement d'un partenariat hautement stratégique a été donné, lors de la rencontre au sommet entre le président Barack Obama et son homologue tunisien, Beji Caïd Essebsi. Washington a annoncé sa décision de promouvoir Tunis au rang d'« allié majeur non-membre de l'Otan ». Cette décision fera date. Présentée en modèle de transition démocratique parfaitement réussie, la Tunisie est confortée par la reconnaissance des Etats-Unis qui « croient » en elle et qui lui assurent un soutien sans faille pour l'aider à franchir le gué. « Nous avons une longue route devant nous. Il y a toujours beaucoup à faire pour consolider notre système démocratique », a plaidé Beji Caïd Essebsi reçu pour la seconde fois dans le bureau ovale, après son passage, en octobre 2011, en Premier ministre d'un gouvernement de transition. Mais, la messe démocratique est dite pour Obama qui a admis que « le lieu où le printemps arabe a commencé est aussi celui où nous avons vu les progrès les plus extraordinaires ». Ce statut privilégié, accordé seulement à deux autres Etats arabes (Koweït et Bahreïn), intervient une semaine après la tenue du sommet de Camp David, réunissant les Etats-Unis et le Conseil de coopération du Golfe. Il intègre désormais la Tunisie dans la famille des bénéficiaires (une quinzaine de pays) de la coopération militaire renforcée. La Maison Blanche entend ainsi procéder au doublement de l'aide à l'armée et aux forces de sécurité en 2016. Elle demande au Congrès d'approuver une aide de 138 millions de dollars pour 2016, dont 62,5 millions pour le volet militaire, en même temps que la livraison de 52 véhicules militaires de type Humvee et d'un navire de patrouille. La Tunisie doit encore recevoir en 2016 quatre autres navires américains. « Nous avons besoin des Etats-Unis et peut-être que les Etats-Unis ont maintenant besoin de la Tunisie », a estimé le président tunisien pointant l'index sur la dégradation de « l'environnement régional » perçue comme « une menace pour le processus démocratique ». Face aux défis sécuritaires dont l'attaque du musée du Bardo (21 touristes étrangers sur les 22 morts) est révélatrice de la montée du péril extrémiste favorisé par le chaos libyen, la lutte antiterroriste constitue l'épine dorsale du nouveau partenariat tributaire de la recherche d'une solution politique en Libye « pour éviter que le vide du pouvoir n'ait un impact négatif sur la situation en Tunisie », a souligné Obama. L'équation libyenne est la clé de voûte du partenariat pour garantir l'enracinement du processus démocratique. Elle est d'autant plus vitale pour la Tunisie, durement touchée par le déclin du tourisme et le désinvestissement à fort impact sur les « réformes structurelles » de son économie nécessitant « une aide à court terme » promise par Obama.