Le Caire accueille, depuis hier, une réunion de quatre jours des chefs de tribus libyennes pour tenter de trouver une solution à la crise qui frappe leur pays, livré au diktat des milices et menacé d'éclatement. A l'ouverture de la conférence, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, lance un message d'espoir pour « mettre fin au cercle vicieux de la violence, de la guerre et du terrorisme, qui menacent la sécurité de la Libye mais aussi celle de ses voisins ». Le challenge est, toutefois, compromis par l'absence de consensus. Les divisions persistent dans une société riche de 140 tribus appelées à jouer un rôle crucial dans la recherche des voies et moyens de sortir de l'impasse politico-institutionnelle. Sur les 300 invitations adressées aux chefs de tribus, seulement une centaine ont répondu à l'appel. Ils se réclament du camp du gouvernement installé à Tobrouk, internationalement reconnu. Les absentéistes sont ceux de l'Ouest et de Tripoli, dont le président du Comité des notables libyens pour la réconciliation, Mohamed El Mobachir, a réitéré le refus de « toute réunion des chefs de tribus en dehors des frontières ». Selon Mohamed Kassem, membre de la tribu des Al-Minfa, la main de la coalition islamiste Fajr Libya n'est pas étrangère au boycott du Caire. Mais l'urgence du dialogue national dicte la nécessité de dépasser les faux clivages pour sauver la Libye de la dislocation et de la désintégration. « Chefs de tribus, je n'exagère pas lorsque que dis que le monde entier vous regarde aujourd'hui. Il attend votre union pour jouer un rôle déterminant dans la stabilité de la Libye », a insisté le ministre égyptien. Le rendez-vous du Caire constitue l'un des ateliers des pourparlers engagés par la mission de l'ONU pour la Libye qui consacre l'influence avérée des tribus et leur place primordiale dans le processus de consultation, dont Alger est la destination privilégiée des partis politiques, des personnalités influentes et des représentants de la société civile. Dans la quête d'un dialogue salvateur, la mobilisation des pays voisins traduit le devoir de solidarité pour garantir un règlement pacifique de ce conflit qui n'a que trop durer. « Une fois de plus, l'Algérie exprime le vif souhait d'une convergence des initiatives lancées dans ce cadre, comme elle recommande le respect du seul agenda émanant des frères libyens dont la volonté est de favoriser l'aboutissement du dialogue entre toutes les parties, à l'exclusion des groupes terroristes reconnus comme tels par les Nations unies », a plaidé le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, lors de la cérémonie de célébration de la Journée de l'Afrique.