Les travaux de la 42e session du Conseil des 57 ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), organisée sous le thème « Vision commune pour renforcer la tolérance et bannir le terrorisme », ont débuté, hier, à huis clos, à Koweït-City, sous la présidence de l'émir du Koweït, cheïkh Sabah Al Ahmed Al Jaber Al Sabah. L'Algérie est représentée à cette session, programmée dans un contexte « particulier et sensible » pour le devenir des peuples musulmans, par Ramtane Lamamra. « L'Algérie, qui a fait face au terrorisme durant plus d'une décennie et s'en est sortie victorieuse grâce aux sacrifices du peuple algérien et aux initiatives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, salue la prise de conscience mondiale quant à ce phénomène dévastateur et les démarches prises par l'OCI dans ce sens, et appelle à l'adoption d'une approche globale dans ce domaine », déclare Lamamra, avant d'expliquer l'approche algérienne qui a su « allier à une lutte implacable contre les groupes terroristes et au tarissement de leurs sources de financement, y compris par l'interdiction du versement des rançons, le traitement des causes qui nourrissent ce fléau, comme les facteurs d'ordre économique et social, la gouvernance politique, la répartition équitable des richesses, la sensibilisation durable aux dangers des idées extrémistes et la diffusion des valeurs de tolérance, de modération et de dialogue constructif entre les jeunes et pôles du savoir ». Selon Lamamra, l'Algérie organisera, en juillet prochain, une conférence internationale sur la déradicalisation. Cette rencontre, explique-t-il, « sera une occasion pour procéder à un échange d'expériences et dégager des recommandations et mesures susceptibles d'améliorer la contribution des pays membres de l'OCI aux efforts visant à prémunir les populations, notamment les jeunes contre les facteurs de discorde et de radicalisation ». Rappelant les défis qui se posent au monde musulman, le chef de la diplomatie algérienne cite la poursuite de l'occupation israélienne en Palestine. Lamamra, qui a salué les efforts consentis par l'OCI en faveur de la cause palestinienne, relève que les mécanismes mis en place par l'organisation pour soutenir la cause palestinienne et Al Qods, « butent sur de nombreuses entraves ». Autres défis ? Il cite la Libye, la Syrie et le Yémen. « L'Algérie, dit-il, n'a ménagé aucun effort pour faire prévaloir le dialogue entre les antagonistes libyens et appuyer les efforts de l'envoyé spécial de l'Onu pour la Libye ». « Le règlement de la crise libyenne n'est pas dans l'action militaire », soutient-il, appelant les belligérants à engager de véritables négociations afin d'aboutir à une solution politique consensuelle favorisant le retour de la sécurité et de la stabilité. Quant à la Syrie, dit-il, « l'Algérie plaide à nouveau pour l'arrêt immédiat des actes de violence et des hostilités pour mettre fin à la souffrance du peuple syrien frère ». Par ailleurs, Lamamra exhorte toutes les parties à adhérer, sérieusement, au processus de négociations sur la base de la déclaration de Genève I. Il a exprimé « la grande préoccupation de l'Algérie vis-à-vis des récents développements au Yémen ». Il appelle à faire prévaloir un dialogue sérieux et à poursuivre le processus politique entre les belligérants pour « sortir le pays de la crise et favoriser le retour du pays à la légalité, préserver la souveraineté et l'indépendance du Yémen, ainsi que l'unité de son peuple et son intégrité territoriale ». Selon Lamamra, l'OCI « est appelée à dynamiser, en urgence, ses structures et à adapter ses instruments si elle veut faire face à la recrudescence du terrorisme et la propagation d'idées extrémistes prônées par des groupes terroristes ». En marge des travaux, Lamamra et son homologue malien, Abdoulaye Diop se sont félicités de la signature de l'accord de paix et de réconciliation qui « constitue le socle de la sécurité et de la stabilité au Mali et dans la région » et ont exprimé leur détermination à poursuivre leurs efforts en collaboration avec les partenaires internationaux et régionaux « pour lever les obstacles qui entravent la mise en œuvre de cet accord historique ». Lamamra, qui a réitéré sa condamnation des actes de violence sporadiques dans le nord du Mali, a appelé les Maliens à se mobiliser pour concrétiser l'accord de paix et de réconciliation qui « trace la voie à suivre ».