Le théâtre est parole. Par la parole, on entend l'ensemble des signes scéniques produits. Donc, la poésie populaire est étroitement liée au théâtre. C'est du moins ce qui a été retenu de la table ronde tenue hier au Théâtre national algérien, Mahieddine-Bachtarzi, Alger, dans le cadre du 10e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), qui se poursuit jusqu'à demain. Animé par Abdenacer Khellaf, critique de théâtre, aux côtés de Brahim Noual, homme de théâtre et Leïla Benaïcha, doctoresse de l'université de Sétif, les participants à cette table ronde consacrée au thème « Le rapport de la poésie populaire au théâtre », ont été unanimes à dire que « le théâtre et la poésie populaires sont étroitement liés ». M. Brahim Noual estime que « la poésie populaire, ce qu'on appelle el malhoun, qui est devenue plus tard notre patrimoine immatériel, c'est l'apport concret au théâtre et l'intervention même de cet art poétique et à l'index de ce qu'a dit Mahieddine Bachtarzi dans ses mémoires, « le folklore science et peuple a participé à l'éveil d'un spectacle théâtral moderne » que Mahieddine a fait évoluer. Les Djeha et les spectacles que nous avons explorés dans nos études nous démontrent qu'el melhoun est un apport considérable pour notre théâtre. Il s'agit aussi de nous remémorer les gouals qui ont été les premiers à reconsidérer leur intervention dans des espaces ouverts que Peter Brook a éclaircis dans son livre « L'espace ouvert ». Pour lui, l'idéal serait que les jeunes aillent se réapproprier le patrimoine, car c'est une démarche intellectuelle et culturelle louable. En somme, il est souhaitable de se remettre en cause et de s'appuyer sur notre patrimoine immatériel. Abdenacer Khellaf regrette les craintes que suscite aujourd'hui chez les patriciens du 4e art l'utilisation de la poésie populaire. « Hélas, on n'en fait plus de la trempe de la génération bénie d'intellectuels comme Alloula, Kaki et autres. Même s'il y a eu, ces dernières années, deux à trois expériences, elles demeurent, toutefois, non concluantes. » La doctoresse Leïla Benaïcha témoigne : « La poésie populaire à un grand rapport avec le théâtre. Si la poésie populaire a suscité un grand engouement du public, c'est parce qu'elle raconte son vécu et émane de son environnement. Donc, le public se retrouve et se reconnaît. »