Les participants à un séminaire sur « les espaces du spectacle théâtral », organisé dimanche dernier à l'université de Batna en marge du festival du théâtre amazigh, ont appelé à « sortir le théâtre de son espace clos pour l'espace ouvert du spectacle traditionnel ». Pour le Dr Djamila Mustapha-Ezzakey, de l'université de Tipasa, cette idée n'est pas nouvelle puisque les premiers dramaturges algériens, à l'instar de Kateb Yacine et d'Abdelkader Alloula, ont tenté de sortir leur théâtre de « la boîte noire italienne » vers l'espace ouvert des places publiques et des marchés populaires dans une sorte de retour vers les premières formes de l'avant-théâtre à l'exemple d'El Hakawati, El Berrah et El Goual. Le chercheur en théâtre, Abdennacer Khelaf, de l'université de Jijel, a relevé qu'en Europe, cette tendance est exprimée par « le post-dramatique » qui veut que le théâtre aille vers les spectateurs et renonce au prestige des salles. Khelaf a cité, à ce propos, la pièce Djeha produite par « Masrah Ettaj » de Bordj Bou Arréridj et présentée au festival national du théâtre humoristique. Une pièce dans laquelle, a-t-il relevé, le metteur en scène, Rabie Kechi, a réussi la gageure de sortir le théâtre vers l'espace traditionnel ouvert. Pour ce chercheur, El Helqa du défunt dramaturge Abdelkader Alloula était jouée en salle et sa dernière œuvre, Arlequin, a consacré son retour à la forme du théâtre à l'italienne. De même, Abdelhamid Gouri d'Annaba n'a pas réussi à quitter la boîte italienne mais y fait, au contraire, introduire le spectateur, a ajouté Khelaf qui a proposé de tenir le festival national de théâtre amazigh qui se tient actuellement à Batna en plein air mais pas en hiver, pour ne pas regretter la chaleur de la salle ». Abdallah Seddiki, de l'université de Bejaia, a rappelé, de son côté, que dans le patrimoine de l'Ahaggar et du Tassili, tous les spectacles et activités culturels ont lieu en plein air, loin de tout espace clos. Ce séminaire de deux jours abordera plusieurs thèmes dont, notamment, les espaces traditionnels dans le théâtre amazigh et la scénographie et le décor dans l'expression de la dimension identitaire. Pour Leïla Benaïcha, présidente du séminaire, la rencontre a pour but de concevoir une approche esthétique pour le théâtre amazigh, fondée sur les traditions locales et faisant appel aux techniques modernes de sorte à enrichir le théâtre national.