Nous sommes plus qu'à mi-chemin du trajet parcouru par la crise dont les effets financiers et économiques sont planétaires, mais personne n'a encore oublié que la crise a d'abord été financière, née de manipulations et d'aventurisme qui mettent l'équilibre financier de la planète entre les mains de petits génies à qui on demande d'aller très vite et de toujours gagner plus, moyennant des motivations honoraires qui dépassent l'imagination. Aujourd'hui, quelques politiques, çà et là, tiennent un discours moralisateur qui tendrait vers une réduction des bonus accordés aux traders, comme si un trader qui gagnerait 20% de moins que ce qu'il gagnait avant la crise, allait réfréner ses ardeurs, sachant que ces 20% représentent peut-être un peu plus ou un peu moins d'un million d'euros. En supposant que la réduction des bonus -on exclut leur suppression- soit l'option retenue et qu'elle pousse les traders à faire machine arrière en matière de prise de risques, quelle serait l'utilité de la démarche des traders, dans un marché de plus en plus concurrentiel, s'ils doivent intégrer un paramètre dont les frontières sont difficiles à fixer, sous un système qui ne fonctionne que si ce paramètre en question, dit de la prudence, est réduit au strict minimum. Nous sommes en 2009, année où le monde capitaliste, désormais solitaire dans sa marche doctrinaire, a manqué l'occasion, un 20 avril à Londres, de refonder le système financier international en désavouant celui né de l'après-guerre à Bretton Woods. Ce non-lieu historique qui a montré que le capitalisme mondialisé est un capitalisme de l'argent et de l'usure avant d'être un capitalisme du travail et de la productivité, a, depuis, poussé la vague volonté de réformes qui a survécu au fiasco londonien, vers des fronts où l'on s'amuse à attaquer les symptômes pervers d'un système débridé au lieu d'en anéantir la source. Résultat des courses : des diversions telles que la publication des listes des détenteurs de comptes dans les paradis fiscaux alors devenus brusquement une menace pour la finance mondiale, ou encore l'invraisemblable guerre contre les bonus des faiseurs des fortunes des banques. Il ne s'agit-là que d'actions spectaculaires et fortement médiatisées destinées à nourrir la monnaie la plus importante pour le système financier international et sans laquelle tout l'édifice s'écroule comme un château de cartes : la confiance.