La crise économique et financière diffère, une partie de l'économie mondiale va croître cette année, soit un tiers de l'économie mondiale va croître à 5 % (pays émergents et pays en développement), a souligné dimanche soir le DG de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) Pascal Lamy sur les ondes d'une radio étrangère. Il fera remarquer qu'il y a des pays qui sont encore en croissance, notamment que cette croissance dépend de leur commerce extérieur, " mais tout le monde est touché. Et, c'est une crise financière, économique et donc social car nous sommes dans un monde où il demeure d'énormes inégalités sociales ". " Une partie de la réponse doit être dans des programmes sociaux. On regardant le plan du Président Obama on constate qu'il y a des routes, des ponts, des écoles et il y a une partie d'actions sociales. Il faut avoir cela en tête et ne pas négliger le fait que, pour beaucoup de pays, cette crise fait suite à des crises précédentes qui étaient des crises socialement très dures ", dit-il. Sur l'origine, il parait clair pour le premier patron de l'OMC qu'elle est financière. " Il y a trop de régulation et une politique monétaire notamment aux Etats-Unis et qui ont conduit à l'endettement. Sur ce point de vue, les autorités monétaires européennes ont été trop prudentes. On sait d'où cela vient et on sait parfaitement que dans le monde dans lequel on vit, nous supposons que l'on sortira de cette crise avec des leçons ". D'après la leçon première : il faut réguler l'économie financière internationale. " Cela passe par une volonté politique de le faire et qui n'existait pas. C'est très bien de dire, je suis dirigeant politique, j'ai la volonté politique, mais dans un monde d'Etat-Nation souverain, il y en a un qui a de la volonté politique et l'autre qu'il ne l'a pas, rien ne va se passer ". Prenant l'exemple du commerce international, M. Pascal Lamy, rappelle qu'il n'y avait absolument rien en terme de commerce international jusqu'au milieu du XXe siècle. " Il y a eu la crise des années 30. On a tiré la leçon. On s'est dit que c'est une catastrophe de cascades protectionnistes qui a empiré la crise. On sait que la crise a été l'une des raisons de la Seconde Guerre mondiale. Cette fois-ci, il faut faire attention, on a créé le GATT et l'OMC. Aujourd'hui, il faut réguler la finance dans un monde globalisé ". Il se dit avoir le sentiment qu'on est à un moment de vérité dans le capitalisme contemporain. " Cette leçon là, elle est claire. On va voir si les proclamations de volonté politique enregistrées dans ce G20, qui réunit un certain nombre de pays feront des progrès. Même si, de mon point de vue, il reste un problème de sous représentation de l'Afrique au G20 ". Evoquant, la prochaine réunion du G20 à Londres, Pascal Lamy dit attendre du G20 qu'il montre le chemin qu'il a parcouru depuis novembre en matière de ce système de régulation financière car il a pris des orientations au mois de novembre. " Ce que j'en attends, c'est que le G20 montre au monde qu'il a à peu près terminé de nettoyer le système financier ". " Ce n'est pas terminé, je le vois dans ma pratique quotidienne. Il y a des exportateurs chinois qui ne prennent pas de lettres de crédit de banques américaines de grands noms parce qu'ils sont persuadés qu'à la fin du mois, elle va être jetée à la poubelle ". De son point de vue, et aussi longtemps que le client prévoit que ce système financier n'est pas nettoyé, " le retour de la confiance est nécessaire. Cette crise provient d'une dilatation excessive du système financier, et maintenant, il y a une contraction excessive de ce même système financier, " c'est l'une des raisons pour lesquelles, les autorités publiques, les Banques centrales, les Etats prennent le relais des acteurs financiers privés. Il faut que des risques normaux qui, auparavant étaient couvert par le système financier et que le système financier ne couvre plus, soient couverts par les autorités publiques ". Abordant la question du protectionnisme, M. Pascal Lamy dit que pour l'instant, à ce stade de la crise, " c'est un danger dont il faut comprendre l'origine. Pour beaucoup de gens, la crise veut dire, la vie plus dure, moins d'argent et plus d'inquiétude pour l'avenir, des emplois qui disparaissent, d'où le besoin de protection, qui est parfaitement légitime. Mais d'abord, il y a des moyens d'offrir de la protection sans casser le commerce international. Le protectionnisme, c'est un des éléments de la boîte à outils de protection, ce n'est ni le bon ni le meilleur. Il y a des nombreux moyens d'intervention qui sont destinés à réduire cette douleur sociale et à se projeter dans l'avenir plutôt que de casser l'échange international, ce qui aura pour effet d'empirer la crise ". Il explique qu'il y a un tiers de l'économie mondiale qui croît à 5 % cette année. C'est celle qui dépend le plus du commerce international et on va se trouver à zéro, note-t-il. Pascal Lamy souligne à cet effet que le protectionnisme ne marche pas : " Je vais pouvoir me protéger de vous en pensant que vous vous allez être assez bête pour ne pas vous protéger de moi. Une arrogance intellectuelle en quelque sorte. Dans un monde globalisé, le protectionnisme c'est soit de la naïveté soit de l'isolationnisme ; Pour autant, les règles du commerce international ont été bâties depuis 60 ans, notamment suite à cette énorme crise des années 30, les membres de l'OMC se sont engagés les uns vis-à-vis des autres à ne pas procéder à ce genre d'escalade ". Ahmed Saber