Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
« On va démarrer la procédure de la certification de la Protection civile algérienne » Alain Damit , expert de sécurité civile à l'Union européenne, à Horizons
Vous êtes en Algérie en qualité d'expert. S'agit-il d'une mission spéciale ? Dans le cadre d'Euromed South Program, nous travaillons avec les pays du Maghreb et du Proche-Orient. A ce titre, l'Algérie m'a invité à un exercice national de la Protection civile. C'était l'occasion d'évaluer le niveau, l'expertise et les capacités des sapeurs pompiers pour pouvoir être plus efficace dans l'aide que l'Union européenne (EU) accorde aux pays membres. L'UE prépare chaque pays à une assistance internationale. J'entends par là l'assistance du mécanisme européen à la Protection civile en cas de désastre majeur. Vous avez assisté à l'exercice Séismex de la Protection civile. Quel en est votre appréciation ? Je suis invité comme observateur et non comme évaluateur. A cet effet, je peux vous livrer les résultats de mes propres observations. C'est un exercice qui met vraiment en évidence les capacités de la Protection civile. C'est un exercice de la Protection civile et les autres institutions n'y ont pas pris part. C'est impressionnant de voir, par exemple, le temps de réponse, en quelques clics, des pompiers mobilisés dans les zones sinistrées et j'ai vu que certains sont venus de loin. Des détachements de renfort aux premières interventions ont dû parcourir près de 900 kilomètres. J'ai constaté également que tout a été coordonné. Mon avis professionnel est aussi de constater les compétences des agents, les procédures standardisées, les équipements. C'était magnifique et cela dépasse l'entendement. Tout est grand en Algérie, à commencer par le pays et les casernes des pompiers. J'ai observé que les gens sont heureux d'appartenir à ce corps parce que même s'ils travaillent dans des conditions difficiles, ils sont bien dans leurs postes. Ils ont leurs casernes et l'occasion de se ressourcer. Professionnellement parlant, c'est très positif. Je souhaite la poursuite des exercices de simulation entrant dans le cadre du programme qui s'avéreraient bénéfiques pour le renforcement des capacités de la population à répondre aux aléas de la nature. Que peut apporter de plus l'UE à la Protection civile dans le cadre d'Euromed ? L'UE souhaite un rapprochement de l'Algérie au mécanisme de la Protection civile de l'UE. Le mécanisme européen de la Protection civile a été mis sur pied pour favoriser la coopération entre les autorités nationales à travers l'Europe. Il a été créé pour permettre une aide coordonnée de la part des Etats participants aux victimes de catastrophes, qu'elles soient d'origine humaine ou naturelle, en Europe et ailleurs. En Europe, on a formé ce mécanisme pour les Etats membres, ce qui veut dire que d'une manière standardisée, tout le monde peut intervenir dans les pays européens mais également à l'étranger. Vous parlez de certification ? Non. Là je parle du mécanisme européen. Ce qui veut dire que l'Europe vient très facilement en Algérie pour assistance suivant des procédures standardisées. Chaque fois qu'une catastrophe est signalée dans un pays, le Centre de coordination des interventions d'urgence (ERCC) réagit. Ce centre est le cœur opérationnel du mécanisme. Il surveille les catastrophes et coordonne la réponse des pays participants en cas de crise. Grâce aux modules de la Protection civile prépositionnés et autonomes, les équipes de l'ERCC sont prêtes à intervenir dans des délais très courts, en Europe et ailleurs. Ces équipes mènent des actions spécialisées telles que les opérations de recherches et de sauvetage des victimes, des opérations aériennes de lutte contre les feux de forêt, l'organisation de postes médicaux avancés... L'Algérie comme tous les autres membres peut participer à ce mécanisme et je parle ici d'une réponse coordonnée. Des discussions sont-elles engagées avec des responsables algériens en ce sens ? C'est un processus qui va démarrer avec de grands avantages sur le plan réponse. Pour la préparation, nous programmons des formations et l'Algérie doit en profiter si elle veut être intégrée au mécanisme européen. C'est bien de prêter main forte et l'Algérie peut le faire comme c'est le cas récemment au Népal. Porter son aide, c'est relativement facile, mais en recevoir c'est compliqué. Si nous sollicitonse une aide étrangère, c'est que nous avons vraiment mal, et il y a un petit souci du côté de l'organisation. L'aide internationale doit être prise en charge par les autorités du pays, car les équipes se déplacent avec leur matériel et doivent être accueillies pour les envoyer dans les zones sinistrées. L'objectif de notre programme est ces phases de préparation. Mais la certification pose problème vu que seules les équipes certifiées sont en mesure d'intervenir à l'étranger. Or, ce n'est pas le cas de la Protection civile algérienne... Nous avons abordé cette question avec le directeur général de la Protection civile, le colonel El Habiri et ses collaborateurs, le colonel Khellaf et le colonel Lalaâoui. Je peux vous dire que l'Algérie est prête pour la classification. Il faut juste se mettre aux normes internationales. Cette certification est, à mon sens, une formalité mais il faut le faire. Demain, si un pays fera appel à l'aide internationale, les équipes de la Protection civile certifiées seront les seules habilitées à y répondre pour une question d'efficacité et de standardisation des secours. Lors des entretiens que j'ai eus avec le colonel El Habiri, nous avons décidé de procéder dans les brefs délais à la certification. Nous allons accélérer la procédure à Genève pour faire le nécessaire et donner du temps pour vérifier la mise en conformité avec le Green Line. Le colonel Lalaâoui et moi-même avions entamé un travail dans ce cadre. Nous commencerons la vérification de toutes les procédures qui sont dans le Gading Line, à savoir les équipements, la formation correspondant à ce qui existe en Algérie. Si ce n'est pas le cas, nous allons immédiatement réagir. Quelles sont les priorités d'Euromed pour l'Algérie ? Très prochainement et avec l'accord de la DGPC, nous organiserons un séminaire gouvernemental en Algérie pour sensibiliser les différentes institutions sur le fait qu'en cas de désastre majeur, la Protection civile est l'acteur principal mais il faut adjoindre d'autres. Lors du Séismex, c'était juste la Protection civile et la coordination interministérielle n'était pas le but de cette manœuvre. La Protection civile a invité l'ANP à participer à cet exercice par un hôpital militaire et du matériel de génie civil. Sur le terrain, la Protection civile ne pourra pas agir seule, elle a besoin du soutien d'autres corps. Le séminaire gouvernemental a pour objectif de réunir tous les acteurs concernés et leur souligner la nécessité de travailler ensemble, notamment dans le domaine de l'assistance internationale et mettre en place un avant-plan. Par exemple, en cas de catastrophe, nous ne pouvons pas intervenir seuls. Nous avons besoin des autres institutions. Or, ces personnes si elles sont bien formées, elles sont dans le giron de la Protection civile et ne peuvent pas prendre d'initiatives. C'est quelque chose qui doit se décider au plus haut niveau. L'objectif de ce séminaire est d'aboutir à un arrêté interministériel dans lequel il faut établir et constituer une cellule internationale. Il s'agit en réalité d'une cellule nationale orientée pour l'international. Si nous avons cet accord et cet arrêté interministériel, nous allons faire un atelier de formation pour les Algériens. Le premier était exclusivement pour la Protection civile, mais il sera étendu cette fois à d'autres institutions pour que cette cellule soit constituée et que tout le monde puisse travailler dans le bon sens. Il faut prévoir les points d'entrée, d'accueil, en cas de catastrophe, tout doit se préparer comme les formalités douanières. J'ai déjà discuté avec le ministre de l'Intérieur et le colonel El Habiri à ce sujet. Les médias doivent-ils s'impliquer ? Bien sûr. Nous ne voulons pas de travail en « sous-marin ». Des gens viennent pour des formations et ont aussi un travail terrible et très astreignant à faire. Nous arrivons à un résultat mais personne n'imagine l'ampleur du travail qui a été fait en amont. C'est comme si vous regardez une compétition sportive. Vous voyez en quelques secondes les prouesses sans imaginer les heures d'entraînement pour en arriver à ce niveau de performance. C'est intéressant en ce sens que la population sache via les médias que des individus travaillent continuellement et sont en action pour se préparer au pire. Un dernier mot ? Je suis emballé par ce que je vois. Tout est très positif et je constate que les sapeurs pompiers sont très appréciés par la population. Les casernes sont ouvertes aux enfants et au public. Toutefois, des efforts restent à faire.