Au menu du round du dialogue interlibyen, entamé, hier, à Alger, le troisième du genre après ceux du 10 mars et du 14 avril dernier, la formation d'un gouvernement d'union nationale, les arrangements sécuritaires et les derniers développements de la situation. « La participation sera plus conséquente dans la mesure où de nouvelles personnalités libyennes influentes sur le terrain s'y joindront », a indiqué Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, en ouvrant la réunion en présence de Bernardino Leon, envoyé spécial des Nations unies pour la Libye. « La position immuable de l'Algérie vise à aider les frères libyens, toutes obédiences confondues, à ouvrir un dialogue rassembleur et inclusif à l'exception des groupes terroristes reconnus en tant que tels par l'ONU », a réitéré Messahel, rappelant que « la sécurité de la Libye est également celle de l'Algérie, voire des pays voisins et de la région du Sahel ». Pour le ministre algérien, ce dialogue « repose sur la seule volonté des Libyens loin de toute ingérence étrangère ». « Il permettra, explique-t-il, de mettre en place un gouvernement d'union nationale qui prendra en charge la gestion des affaires publiques, s'emploiera à rétablir la stabilité à travers tout le territoire libyen et anéantira la menace de division du pays. » Et de poursuive : « L'escalade des menaces terroristes et l'extension du cercle de la violence de par le monde sont désormais une préoccupation pour la communauté internationale » et « l'acceptation du dialogue par les enfants de la Libye reflète leur prise de conscience quant à l'ampleur de la menace qui pèse sur leur pays et traduit leur détermination à le protéger et le préserver ». « En dépit des complications de la situation en Libye, nous sommes convaincus que la solution pacifique reste la seule voie », conclut Messahel. Léon : « La réunion d'Alger peut être la dernière chance pour la Libye » « Ce n'est pas le moment de la diplomatie, c'est le moment de parler franchement. Le temps est venu pour envoyer un message fort, à partir d'Alger, lors de cette réunion cruciale, à tous les Libyens, qu'il est grand temps de prendre une décision », a déclaré Leon. « Vu la situation économique qui se dégrade, la menace terroriste grandissante et la discorde politique entre les deux gouvernements en Libye, l'accord de paix et de réconciliation doit être conclu le plus vite possible », dit-il, estimant que « la réunion d'Alger peut être la dernière chance pour la Libye afin d'instaurer un gouvernement d'union nationale ». « Il faut des concessions pour parvenir à un accord final » sur un gouvernement d'union nationale, répète-il, exhortant les responsables des deux gouvernements et parlements rivaux à faire des concessions, sous peine d'un effondrement du pays. « On ne peut plus continuer à accuser le gouvernement installé à Tobrouk de représenter la continuité de l'ancien régime et Fajr Libya de représenter les organisations terroristes », dit-il, soulignant que Fajr Libya combat le groupe Daech. « La seule solution pour l'avenir de la Libye est d'aboutir à un accord », martèle l'émissaire de l'ONU. « Nous allons discuter comment améliorer le projet et envoyer un message qui soit accepté par tous les Libyens et permette de résoudre le conflit », dit-il. « Nous pouvons apporter de nouveaux éléments et prendre en compte certaines préoccupations, de sorte à faire accepter le projet par tous », a précisé Leon. Mardi dernier, à Doha, le diplomate espagnol qui participait à un forum mondial américano-islamique a déclaré que « 75% des responsables politiques libyens sont favorables à la paix » et la majorité des groupes « soutiennent maintenant une solution politique ». « Il n'y a pas de solution militaire en Libye et les nombreuses factions qui activent dans ce pays sont assez fortes pour faire la guerre, mais pas assez pour la gagner », a-t-il ajouté. Seif El-Nasr Abu Ehjeila, un des participants libyens à la réunion, a mis en garde contre la menace terroriste. Il a, après avoir salué les efforts et le soutien de l'Algérie, appelé toutes les parties à faire des « concessions » pour la formation d'un gouvernement d'union nationale et l'instauration de la paix en Libye.