Le procureur général, Mohamed Zerg Erras, a entamé, hier, son réquisitoire à l'encontre des 68 accusés dans l'affaire Khalifa Bank. Son intervention a été accablante à l'encontre du principal accusé, Rafik Abdelmoumène Khalifa, de la famille Chachoua, d'Issir Idir, de Mir Amar et de Kechad Belaid, qui constituent, selon lui, le maillon fort d'une association de malfaiteurs qui avait causé un énorme préjudice non seulement financier mais aussi moral. « Nous sommes devant une affaire d'une banque frauduleuse qui a été créée beaucoup plus pour voler ses clients que pour apporter un plus à l'économie nationale », a précisé le procureur. Tout au long de son réquisitoire, il a estimé que Rafik Abdelmoumène Khalifa avait toutes les possibilités de réussir son affaire dans la production de médicaments, car il était le premier investisseur privé à être autorisé par la loi algérienne. Plus loin, il a abordé les sommes faramineuses dépensées dans des hôtels, dont une s'élève à 43 milliards de centimes, facturée par l'hôtel Sheraton, pour des séjours de certains responsables de la banque Khalifa, comme Abdelhafidh Chachoua. A propos de la famille Chachoua, le procureur relève que depuis son arrivée dans le groupe Khalifa, les choses ont empiré. « Ses membres étaient partout, dans l'achat des villas, des terrains », fait-il remarquer. En outre, le représentant du ministère public accuse directement les cadres dirigeants des différentes agences bancaires qui ont servi de manière illégale l'ex-boss de Khalifa, à l'image de Mir Ammar, Kechad Belaid, Toudjane Mouloud, Chachoua ou l'ex-joueur et entraîneur de football, Meziane Ighil. « Ceux-là sont pénalement responsables des faits qui leur sont reprochés notamment des négligences manifestes ayant occasionné des pertes financières considérables au Trésor public », a-t-il relevé, rappelant sur sa lancée que Rafik Abdelmoumène Khalifa a causé une hémorragie aux sociétés nationales, notamment Air Algérie. Il explique également que le patron du groupe Khalifa a préféré prendre la fuite au lieu de prendre ses responsabilités et affronter la justice. Mohamed Zerg Erras affiche sa conviction sur la véracité des faits retenus contre les accusés car, selon lui, toutes les preuves légales et matérielles relatives aux accusations sont formelles notamment en ce qui concerne l'intention criminelle qui existait chez tous les accusés pour détourner et transférer des sommes faramineuses vers l'étranger. Dans la matinée, Ali Meziane, l'avocat du liquidateur de la Khalifa Bank, Badsi, a estimé que l'affaire Khalifa Bank a provoqué un préjudice de trois milliards de dollars.