L'Algérie regorge de richesses culturelles. Pour preuve, les sept sites classés - en 1982 - par l'Unesco (La Casbah d'Alger, la Vallée du M'Zab, Qalâat Beni Hammad, Tipasa, Timgad, Djemila et le Tassili N'ajjer). Mais au-delà du prestige qu'incarne ce legs historique, vieux de plusieurs siècles, il reste la convoitise des réseaux de trafic qui ne lésinent ni sur les moyens ni sur les opportunités pour arriver à leurs fins. Une situation qui a poussé les pouvoirs publics à mettre sur pied une politique multisectorielle de lutte qui est parvenue à endiguer l'ampleur de ce phénomène, en permettant la restitution de biens archéologiques. Une bonne partie est présentée au public au musée des antiquité à Alger. Ouverte le 10 mai, cette manifestation durera jusqu'à la fin de l'année. Fruit d'une étroite collaboration entre le département de la Culture et les services de sécurité (Gendarmerie nationale, police et Douanes algériennes), ces œuvres restituées (bustes, têtes en marbre, pièces de monnaie, armes...) représentent les plus grandes périodes qui ont marqué l'histoire de l'Algérie (phénicienne, romaine, byzantine, islamique, ottomane et coloniale). Pour avoir été au centre d'un intérêt médiatique particulier, le fameux masque de Gorgone vole la vedette à toutes les autres pièces exposées. Son histoire rocambolesque en témoigne. Dérobée de l'antique d'Hippo Regius à Annaba, durant la nuit du 4 au 5 mars en 1996, cette belle œuvre romaine a été retrouvée en 2011 à Tunis dans la demeure du gendre de l'ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. La restitution de cette pièce d'une valeur inestimable est le résultat d'un travail de longue haleine mené par le ministère de la Culture dans le cadre de la stratégie de lutte contre le trafic illégal des biens culturels, conformément à la loi 98-04 et à la convention de l'Unesco de 1970, ainsi que l'engagement sans faille des différents services de sécurité. Pour la petite histoire, le masque de Gorgone a été mis au jour, en 1930, lors d'une opération de fouilles effectuée par un archéologue français du nom de Choupant, aux abords du forum de l'antique site. L'autre affiche de l'exposition est la tête de Marc Aurèle, dont l'aventure est tout aussi invraisemblable. Elle a disparu la première fois dans les années 50 avec d'autres pièces lors du démantèlement du musée de Skikda et une seconde fois, en 1996, avec huit têtes impériales. Le ministère de la Culture avait alors saisi Interpol. En 2004, elle réapparaît aux Etats-Unis lors d'une vente aux enchères à la galerie Christie's Rockefeller Plazza. Après enquête, le département d'Etat à la Justice entame une procédure, en 2005, pour la confiscation de l'objet d'art. L'ambassade d'Algérie à Washington a, de son côté, chargé un avocat pour suivre l'affaire auprès du gouvernement américain en vue de la restitution de l'œuvre. En décembre 2006, le procureur de New York prononce un jugement en faveur de l'Algérie de la pièce qui a été placée au musée des antiquités le 17 novembre 2008, soit deux années après. Ces deux exemples illustrent la détermination des autorités algériennes à récupérer l'ensemble des biens culturels du pays en se déployant à l'intérieur et à l'étranger pour lutter contre ce trafic qui a particulièrement atteint l'Algérie dans les années 90 où la protection du patrimoine n'était pas aussi efficace qu'aujourd'hui.