Au cœur de la problématique de la refondation de l'Etat, la question de l'Islam reste incontournable pour tenter d'éviter le piège de l'islamophobie et de la stigmatisation qui frappe de plein fouet la communauté musulmane, à l'heure du défi terroriste dont il est admis qu'elle reste la principale victime. Dans la foulée des attentats de janvier dernier, les actes antimusulmans ont été plus nombreux que pendant toute l'année 2014. Des visions réductrices, voire discriminatoires, ont plombé le débat sur la place et le rôle de « l'Islam en France » ou « l'Islam de France », partagé entre « l'assimilation » ou « l'intégration ». Lors de la journée de travail organisée le 4 juin et boudée autant par le Conseil français du culte musulman (CFCM) que par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), les Républicains de Sarkozy ont étalé au grand jour leurs divergences sur cette initiative, qualifiée de « mauvaise idée » par la vice-présidente Nathalie Kosciusko-Morizet et vouée aux gémonies par le maire de Bordeaux, Alain Juppé, estimant que « l'idée d'assimiler les gens, d'effacer les différences, n'a pas de sens ». A son tour, la majorité socialiste veut son « forum » pour tenter de pallier la représentativité « fragmentée », « faible, voire inexistante », de la communauté musulmane. Dans cette dynamique qui va au-delà du CFCM, précise-t-on, une instance de dialogue appelée à se réunir tous les ans, se donne pour objectif d'« examiner avec toutes les composantes de l'Islam de France les questions qui les préoccupent », a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Autour de la table, les pouvoirs publics et les représentants (120 à 150) de fédérations, recteurs de mosquée, imams, aumôniers, théologiens, islamologues et personnalités de la société civile participeront, aujourd'hui, à une demi- journée de débat sur des thèmes portant sur la dégradation de l'image de la deuxième communauté en France (5 millions), la sécurité, la gestion et la construction des lieux de culte (2.500 mosquées et 300 en construction), les pratiques rituelles, la certification du halal, le nombre insuffisant d'abattoirs, les éventuels abus financiers liés au pèlerinage à La Mecque ou le manque de carrés musulmans dans les cimetières. Le phénomène de la radicalisation ne fait pas partie de l'agenda. Il a été scrupuleusement évité pour ne pas adresser un « mauvais message aux Français et à la communauté musulmane ». Les bases du « dialogue » sont donc posées pour favoriser l'Islam de la tolérance avec les fondements républicains de l'Etat français.