Chassez le naturel, il revient au galop. Cette citation semble correspondre parfaitement aux Républicains, le nouveau parti (ex-UMP) de Nicolas Sarkozy qui a ouvert jeudi une série de conférences en organisant une convention sur l'islam en France. Une rencontre qui rappelle les tristes débats sur l'immigration et l'identité nationale lors du quinquennat de l'ancien président français (2007-2012). Organisée à huis clos au siège du parti avec de nombreux députés, cette réunion a soulevé le courroux du gouvernement français, qui s'est demandé pourquoi le choix d'un tel thème au moment où d'autres sujets importants intéressent les Français. C'est Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, qui a dénoncé le premier cette rencontre en exprimant sa «profonde inquiétude» quant aux visées cachées d'une telle initiative. Très polémique, la rencontre organisée par les barons de la droite, à leur tête Nicolas Sarkozy, n'a pas reçu non plus l'adhésion des associations musulmanes de France. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a refusé dans un premier temps d'y prendre part. «On ne peut pas participer à une telle initiative qui stigmatise les musulmans», s'est exprimé Abdellah Zekri, membre du CFCM et président de l'Observatoire national pour l'islamophobie. Très actif, ce dernier a fait une campagne de boycott de cette conférence. Toutefois, au dernier moment, quatre membres du CFCM – dont son président, Dalil Boubakeur – s'y sont rendus. « Le CFCM avait clairement décidé, la semaine dernière, lors d'une réunion du bureau exécutif, de ne pas se rendre à cette réunion», a souligné Abdallah Zekri, exprimant «colère et dégoût» devant la «lâcheté de certains membres». Une décision qui ne restera pas sans suite, a laissé entendre Abdallah Zekri. De son côté, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) n'a pas participé à cette convention sur l'islam des Républicains. Son président, Amar Lasfar, a indiqué qu'il n'avait pas reçu d'invitation ; en outre, il refusé d'engager la discussion avec un nouveau parti qui commence ses travaux par un débat sur l'islam. Le débat sur l'islam a créé également des divisions dans les rangs mêmes de l'ex-UMP. Des personnalités comme Alain Juppé (concurrent direct de Sarkozy aux primaires de 2016), Nathalie Kosciusko-Morizet (vice-présidente du parti) et François Fillon (ancien Premier ministre) ont refusé de prendre part aux travaux et ont qualifié la tenue de cette conférence de « mauvaise idée ». En revanche, Henri Guaino, député et jadis plume de Nicolas Sarkozy a justifié une telle idée, même s'il se défend de stigmatiser les musulmans. «Nous n'allons pas juger l'islam. Nous allons réfléchir sur la manière dont nous pouvons vivre ensemble. La religion a pris une importance considérable, comme toujours pour le meilleur et pour le pire», a-t-il expliqué, avant de conclure en défendant le concept d'assimilation : «La République, c'est l'assimilation. Cela ne veut pas dire qu'on exproprie les gens de leur histoire, qu'on leur demande d'oublier d'où ils viennent. Mais ça veut dire qu'on leur demande de partager un imaginaire commun et une morale commune.» Des propos qui sonnent déjà comme une provocation dans les oreilles des musulmans, qui craignent le retour des vieux démons sarkozystes.