La crise « ne doit pas être sous-estimée. C'est un problème sérieux et, que ce soit bien clair, les réponses de l'Europe n'ont pas jusqu'à maintenant été suffisamment bonnes », déclare dans un entretien au Corriere della Sera, Matteo Renzi, le Premier ministre italien. « Répartir seulement 24.000 personnes, c'est presque de la provocation », dit-il. Et de préciser : « Si l'Europe choisit la solidarité, c'est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un « plan B » tout prêt. Mais qui frapperait surtout l'Europe en premier », a-t-il dit sans plus de précisions. L'UE qui a du mal à réunir un consensus autour de son programme de répartition des migrants - qui prévoit de répartir 24.000 réfugiés entre les autres pays que l'Italie et la Grèce - donnera-t-elle à Rome une réponse satisfaisante lors du sommet européen à Bruxelles, le 30 juin, ou continuera-t-elle à se barricader ? En attendant ce sommet, Matteo Renzi abordera cette question cette semaine à Milan avec ses homologues britannique et français avant de voir la chancelière allemande Angela Merkel et le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui a demandé en mai aux Etats membres de l'UE de prendre en charge 40.000 demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce. Rome et Athènes se plaignent depuis un moment de la Convention de Dublin. Celle-ci prévoit que les demandeurs d'asile déposent leur demande dans le pays d'entrée en Europe. Une règle que les deux capitales estiment injuste puisqu'elle les laisse, se débrouiller seules avec les migrants. Selon le Premier ministre italien, la convention de Dublin « devrait être modifiée » car « le chaos qui règne actuellement en Libye » - d'où partent de nombreux bateaux de migrants - relève de « la responsabilité de l'Europe compte tenu de l'intervention (militaire) lancée il y a quatre ans », par l'Otan pour aider au renversement de Kadhafi. L'Italie qui fait face depuis le début de l'année à un afflux de migrants et de demandeurs d'asile inédit, 57.000 selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés, va-t-elle « ouvrir » ses frontières comme elle a menacé de le faire en mai passé ? A l'origine de cette « colère » : plus de 200 candidats à l'immigration ont été refoulés à ses frontières avec la France et l'Autriche, ces derniers jours. Un acte qui « contredit » les accords de Schengen. Ceux-ci prévoient que les migrants arrivant en Italie peuvent traverser les pays voisins : France, Autriche, Suisse et Slovénie pour se rendre en Grande-Bretagne, en Allemagne et dans les pays scandinaves.