La Commission européenne a appelé hier les membres de l'UE à «prendre leurs responsabilités» et à «agir maintenant» à propos du programme de prise en charge de demandeurs d'asile pour soulager la Grèce et l'Italie submergées de migrants, alors qu'un accord sur cette question controversée pourrait être différé. Une réunion des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne est prévue lundi et mardi prochains à Luxembourg, mais faute d'accord à cette occasion, le programme européen de répartition de 40 .000 demandeurs d'asile entre les 28 Etats membres pourrait être reportée de plusieurs mois, jusqu'à septembre au moins. Interrogée hier sur ces informations, une porte-parole de la Commission européenne a rappelé la détermination de son président Jean-Claude Juncker à obtenir des engagements. «Il ne suffit pas de pleurer sur les gros titres des journaux et d'appeler l'Europe à agir», a déclaré Natasha Bertaud citant des propos récents de M.Juncker. «Nous avons mis sur la table une proposition ambitieuse portant sur un mécanisme de réinstallation. Nous savions qu'il ne remportait aucun prix de popularité, mais nous attendons vraiment des ministres de l'Intérieur qui se réunissent la semaine prochaine qu'ils prennent leurs responsabilités sur ce sujet», a ajouté la porte-parole. Elle a insisté sur l'urgence à «agir maintenant et pas dans quatre mois». «Plus de 6000 migrants ont été secourus le week-end dernier dans 32 incidents distincts et plus de 54 000 sont arrivés depuis le début de l'année uniquement en Italie», a-t-elle poursuivi. La Commission européenne a demandé en mai aux Etats membres de l'UE de prendre en charge 40.000 demandeurs d'asile originaires de Syrie et d'Erythrée arrivés en Italie et en Grèce, en signe de «solidarité» avec ces deux pays qui doivent gérer un important afflux de migrants. Bruxelles a également invité les 28 à accueillir 20.000 réfugiés syriens venus de pays extérieurs à l'UE. Ces deux programmes doivent courir sur deux ans et seront assortis d'une aide financière aux Etats. La Commission espérait faire démarrer le premier volet du programme au 1er juillet en ayant recours à un mécanisme d'urgence. Mais cela impliquait une décision des ministres qui se réunissent les 15 et 16 juin à Luxembourg. Or «nous n'attendons pas de décision» à cette occasion, a dit mardi un porte-parole de la présidence lettone de l'UE, Janis Berzins. La présidence luxembourgeoise (en fonction à compter du 1er juillet) organise toutefois une réunion informelle des ministres de l'Intérieur les 9 et 10 juillet.