«C'est un vrai chef d'œuvre à plus d'un titre». Telle est la première impression de l'archevêque d'Alger, Monseigneur Bader Ghaleb, à la vue de la basilique Notre-Dame d'Afrique après sa restauration. Hier donc c'était le temps de l'inauguration en présence du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, des présidents de Conseils régionaux du sud de la France, Michel Vauzelle et Jean-Noël Guérini, ainsi que du maire de Marseille, Jean Gaudin. Lancés le 14 juillet 2007, les travaux au sein de ce lieu de culte chrétien ont été achevés trois ans plus tard, le 21 juillet 2010. Ils ont coûté 510 millions DA, soit un peu plus de 5 millions d'euros. La wilaya a participé à hauteur de 56 millions de dinars, l'Etat français a déboursé 562 000 DA, l'Union européenne a avancé un million d'euros, alors que des entreprises mécènes ont contribué avec 1,2 million d'euros. A cela s'ajoute la contribution de la région Alpes Côte d'Azur, du département des bouches du Rhône et de la ville de Marseille. Les travaux de maçonnerie ont été confiés par la wilaya, après un appel d'offres, à une entreprise française A. Girard basée à Avignon. Les vitraux ont été restaurés par l'atelier du Vitrail Cassiopée basé à Marseille et la maîtrise de l'œuvre a été assurée par le cabinet de l'architecte Xavier David. « D'un point de vue architectural, la basilique reflète l'entente interreligieuse et interculturelle entre les peuples de la Méditerranée. Ce lieu accueille en moyenne 400 personnes dont 90% sont des Algériens », a estimé Monseigneur Bader Ghaleb dans un point de presse organisé dans l'annexe de la basilique. «Cette basilique avait besoin d'être restaurée car a elle a souffert de l'usure du temps, des vents et notamment du séisme de 2003 qui lui a porté le coup de grâce», a-t-il précisé. De son côté, Abdelkader Ghida, directeur de l'aménagement et de la restauration des quartiers et représentant du wali d'Alger, a affirmé que le projet a démarré laborieusement mais les travaux ont été achevés dans les délais. « C'est une aventure formidable et la confiance a prévalu durant la période des travaux », a-t-il observé. UTILISATION DU CARBONE : UNE PREMIÈRE MONDIALE Pour Xavier David, le chantier de la basilique a été exceptionnel du fait de la taille de pierre spécifique, le confortement parasismique par l'introduction du carbone, une première mondiale. « Notre souci est la sécurité du public, la sauvegarde du bâtiment et une représentation digne au regard de la beauté de la basilique », indique l'architecte. « Les travaux entrepris ont constitué également une sorte de chantier-école puisqu'une douzaine de jeunes professionnels algériens ont été formés aux métiers de la pierre et de la maçonnerie sur patrimoine ancien ». A la fin des travaux, certains d'entre eux ont trouvé du travail dans le domaine de la restauration des monuments. Xavier David a, par ailleurs, signalé que son équipe est en train de restaurer, depuis une dizaine de jours, la basilique de Saint Augustin à Annaba et les travaux vont durer 27 mois. A une question sur le nombre des chrétiens vivant en Algérie, Monseigneur Ghaleb a répondu que ce n'est pas le nombre qui fait notre vocation mais l'importance de la présence du christianisme et le dialogue qui est un exemple d'entente « car les personnes sont appelées à vivre ensemble et à s'accepter ». Pour l'histoire, Notre-Dame d'Afrique a été l'œuvre de l'architecte Jean-Eugène Fromageau. Il l'a conçue sur un plan byzantin, surmontant d'une coupole sur un promontoire de 124 mètres. Elle a été inaugurée en 1872 après 14 ans de travaux. Elle domine le quartier de Bologhine et les cimetières européen et israélite.