L'idée a germé un jour d'hiver lors d'une randonnée initiée par l'association Assirem Gouraya dans cette région qui se distingue par des sites naturels exceptionnels. Une prune, fruit d'été, avait réussi à résister sur une branche, malgré toutes les rigueurs, jusqu'à mi-décembre. C'est ainsi que germa ce projet de fête de la prune, une manifestation qui cadrait bien dans la célébration, chaque année le 17 juin, de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Pour 2015, celle-ci s'est fixée sur « l'objectif d'une sécurité alimentaire pour tous à travers des systèmes alimentaires durables », sous le thème « On n'a rien sans rien, investissons dans des sols vivants ». Pour arriver au village Laâlam, dans la commune de Tamridjt, à l'extrême est du territoire de Bejaïa, il faut longuement longer le littoral, puis s'engouffrer vers l'intérieur du pays à travers une route étroite qui se conduit erratiquement , comme un ivrogne, sur un relief difficile, se glissant entre les chênes-lièges et les frênes qui poussent sur les accotements. Ce qui reste de la forêt de chêne-liège porte par endroits les marques de la calcination des fréquents incendies. Rendez-vous à la maison de jeunes qui abrite pour l'occasion des expositions, des exhibitions des arts martiaux, un concours culinaire et une dégustation de prunes de toutes variétés, un débat autour de l'aide à apporter au village pour promouvoir ce produit, la mise en place d'un PPDRI et l'ouverture d'une seconde piste par la Conservation des forêts, l'acquisition de pompes hydrauliques pour l'irrigation, bref tout ce qui peut améliorer un tant soit peu le quotidien des populations locales. Tout ce beau monde est ensuite invité à découvrir, après avoir traversé, sur quelques centaines de mètres, les coulis de roches qui jonchent sur un léger écartement des montagnes où sinue, en contrebas, une rivière aux eaux chantantes, à l'ombre des lauriers roses en admiration. La jeunesse, subitement désobéissante, n'a pu réprimer l'envie d'une escapade dans l'eau. Barbotant, criant, riant et s'éclaboussant dans l'ondée fraîche, ou sous la molle réprimande des accompagnateurs, trop adultes pour céder à cette irrépressible spontanéité. Dans ce décor enchanteur, une fois calmée l'envie aquatique et que les crabes n'avaient plus rien d'amusant, tandis que les adultes partaient à la recherche de plantes sauvages aromatiques, les enfants étaient conviés à faire montre de leur talent d'artistes champêtres, ce qu'il font si consciencieusement qu'une patrouille de bovins, impavides devant cette foule inopinée sur son chemin, passent au milieu d'eux sans même attirer le regard. Les lauréats seront ceux qui réussiront à traduire la beauté naturelle du site : hautes montagnes, lauriers roses, rivière... Même si certains y placeront aussi une baleine ! Plus de 600 personnes ont participé à cette première fête, à laquelle les habitants promettent de donner plus d'envergure aux prochaines éditions. Nul doute que la prune, à l'instar de ce que la figue a fait pour Beni Maouche, saura tracer l'avenir de Laâlam. Cette localité mérite en effet d'attirer l'intérêt aussi bien en matière touristique au regard de sa population accueillante, ses potentialités naturelles et de sa riche histoire durant la guerre de libération nationale, ou du développement à travers la promotion des produits de son terroir.