« Mourir, la belle affaire », disait le grand Jacques. Le célèbre et valeureux footballeur Abderrahmane Soukane n'a pas repris le refrain de Brel mais a tiré sa révérence, l'âme en paix, après avoir accompli tous ses devoirs, prioritairement celui de l'appel de la patrie pour son combat libérateur. Heureux, Abderrahmane qui a rejoint, ce dimanche 5 juillet, ses dix-huit regrettés compagnons de la glorieuse équipe de football du FLN. Abderrahmane (13 septembre 1936) s'en est allé dans son style, celui de gentleman malgré la maladie, depuis ces cinq dernières années, qui ne lui permettait aucun répit. Comme ce furent les cas des derniers disparus, Kermali mort en 2013 le 13 avril, date anniversaire de la création de l'équipe FLN en 1958, et de notre meilleur libéro au monde des années cinquante (56-58), Mustapha Zitouni, qui nous a quittés en janvier 2014. C'est triste de voir nos héros partir l'un après l'autre. Sur les trente-deux vedettes algériennes du championnat de France qui ont abandonné les fastes et les rêves pour composer l'équipe révolutionnaire, « le onze de l'indépendance » monté par Boumezrag sur instruction du stratège Abane Ramdane, treize joueurs sont encore en vie dont le frère aîné et néanmoins coéquipier d'Abderrahmane Soukane, que Dieu ait son âme. « Mon frère était souffrant, il a fait son devoir. Nous sommes tous vieux, dans quelques années, nous ne serons plus là », dira justement aami Mohamed Soukane. Le défunt Abderrahmane, enfant d'El Biar, était un milieu offensif très incisif et buteur. Après la JSEB, il signe, avec son frère Mohamed, une licence professionnelle chez le doyen des clubs français, Le Havre. Les deux Soukane seront des titulaires en puissance. La paire jouera aussi à Toulouse et au Red Star. Aujourd'hui, le temps presse pour écrire, dans le détail, rassembler les photos, les souvenirs et autres documents-archives et documentaires et les mettre à jour. Quant aux survivants, ils sont encore 13 et relativement en bonne santé quand bien même les plus jeunes sont nés en 36, un autre devoir leur dicte de témoigner librement de l'épopée de cette équipe qui avait valu un titre à un de mes papiers-hommage « Equipe FLN, une balle pour gagner la guerre ». Merci les stars. Paix à vos âmes.