L'ardoise risque, une fois de plus, d'être salée pour les familles algériennes. Les achats des vêtements de l'Aïd El Fitr sont bel et bien entamés, en ce début de la deuxième quinzaine de jeûne. L'Aïd, une occasion pour les magasins de redoubler d'efforts, de renforcer le nombre des vendeurs et ce, en prévision d'une ouverture, le soir, à partir de samedi prochain. L'annonce en est faite sur des écriteaux qui ornent les vitrines de différentes échoppes. De nombreuses familles comptent leurs économies et font dans la prévention en achetant, d'ores et déjà, pour éviter la cohue et la flambée des prix à la veille des fêtes. C'est à ce prix là que les ménages maintiennent cette tradition qui fait grand plaisir aux enfants. Une affluence soutenue est constatée dans les magasins d'habillement du grand Alger. Pour certains, l'achat des vêtements a été effectué à l'entame du Ramadhan. Des mères de familles, les plus avisées, s'en sont chargées un mois avant. Avec l'arrivage des tenues d'été, précaution avait été prise afin « d'effectuer le bon choix, trouver la couleur et la taille nécessaires et, bien sûr, éviter la hausse quasi certaine des prix », comme l'explique cette mère de famille. Mais les prix déjà affichés donnent le tournis. Des ensembles trois pièces pour garçons de 6 à 12 mois sont à 3.650, et à 4.890 à partir de deux à quatre ans. Pour les filles, des robes importées de Turquie sont cédées entre 6.500 et 7.500 DA. A une question sur la différence des prix entre la veille du Ramadhan et aujourd'hui, pour les mêmes produits, le gérant d'un magasin de vêtements pour enfants à Alger a simplement répondu par un rictus qui en dit long : « c'est un nouvel arrivage ». Une chose est sûre : les vitrines et les étals des marchés de proximité sont bien achalandés. Les tenues vestimentaires sont disponibles en termes de quantité, mais en termes de qualité, seuls quelques magasins offrent des articles de marques européenne, italienne ou Thaïlandaise. Le reste c'est du made in China. La grande différence des prix renseigne sur la qualité et, par conséquent, sur la provenance du produit. Dans un magasin de la rue Bab Azzoun, un père, accompagné de son garçon de 8 ans, tente de négocier le prix d'une robe pour une fille de deux ans, estimée à 2.000 DA. Cet homme espère faire ainsi baisser la somme demandée, pour être dans la fourchette des dépenses. D'autres parents ont opté pour des magasins comme « Le Printemps ». Là, les bourses moyennes trouvent leur compte. L'origine de la provenance des habits proposés assure la qualité recherchée. Mais les mieux nanties, dans ces magasins, ce sont les filles puisqu'une panoplie de produits leur est proposée. D'autres familles à faible revenu se rabattent sur la friperie. Deux femmes, rencontrées au marché Ahmed-Bouzrina, reconnaissent qu'elles vont opter pour cette éventualité, avec cette idée de pouvoir concilier prix et qualité. Car la moyenne des dépenses pour vêtir un enfant varie entre 10.000 et 15.000 DA. Pour l'heure, aucune boutique n'a lancé des soldes à l'occasion des fêtes de l'Aïd. Ce sont donc les marchés de la friperie qui permettent à une frange de la société de vêtir leurs enfants à des prix raisonnables. Pour ces deux mamans : « Il suffit de bien chercher pour dénicher des vêtements de bonne qualité et abordable ». Tout compte fait, et bien qu'elles soient ruineuses, les dépenses en ce mois de Ramadhan, l'achat de vêtements pour l'Aïd El Fitr et la confection des gâteaux, demeurent incontournables, voire obligatoires.