Selon le président du Conseil supérieur de la langue arabe (CSLA), M. Mohamed Larbi Ould Khelifa, la faiblesse du système éducatif et de formation n'est pas due à la langue arabe. «Parce qu'il n'y a pas de langue développée ou dépassée d'elle-même. Elle l'est de part ses pratiquants», a-t-il affirmé, hier, au forum d'El Moudjahid lors d'une conférence-débat intitulée «La langue et la modernité, la langue en tant que facteur d'intégration sociale».Il a donné l'exemple de la Chine et la Corée du Nord qui ont su développer leurs systèmes éducatifs tout en enseignant par leurs langues qui ne sont utilisées nulle part ailleurs. Le conférencier a notamment mis en exergue la nécessité de sauvegarder la démocratisation de l'enseignement. «Ce serait une très grave erreur de la sacrifier au profit de la qualité», a-t-il prévenu en citant encore une fois la Corée du Nord où 87% des enfants scolarisés obtiennent le Baccalauréat. «Il faut garantir une meilleure prise en charge du système éducatif. Pour ce faire, il faut se demander comment s'acquérir du savoir-faire et comment le développer», a-t-il orienté. Le président du CSLA a également émis le souhait de ne plus entendre parler «d'arabisants et de francisants» en Algérie. «Il faut surtout s'interroger sur la valeur ajoutée de la langue pour la société», a-t-il dit en soulignant que la majorité des francophones algériens de l'étape coloniale étaient des nationalistes. «Ils ont utilisé la langue de l'ennemi pour le combattre», a-t-il rappelé. «On est tous d'accord que chaque langue maîtrisée apporte un plus. Mais c'est la langue arabe qui unifie le peuple algérien sans pour autant exclure les autres langues. Dans toutes les régions du pays, on n'a pas besoin de traducteur si on parle arabe. Cependant à l'origine, tous les Algériens sont des berbérophones. Par rapport aux autres pays arabes, on a une langue mère et une langue maternelle», a-t-il précisé. M. Ould Khelifa a noté que la langue du Coran est devenue sacrée chez les algériens en réaction contre les démarches du système colonial qui visait à les défaire des éléments de leur idendité pour les traiter ensuite de la façon avec laquelle ont été traités les indiens en Amérique et les Aborigènes d'Australie. «Malgré cela, notre peuple a conservé son identité. En plus, il n'a jamais été un simple consommateur de la langue arabe. Les algériens notamment ceux de la région des Zouaoua (Kabylie) ont toujours contribué à son enrichissement», a-t-il ajouté. «Maintenant qu'on a le privilège de maîtriser la langue arabe, pourquoi ne pas profiter de cette dimension arabo-musulmane et pourquoi pas obtenir un rôle de leader», s'est-il à la fin demandé.