Il a appelé à l'installation d'un haut conseil de suivi et de coordination pour la promotion de la langue arabe sous l'égide de la Ligue des Etats arabes. Plus royaliste que le roi. Le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, et néanmoins secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), a mis à profit la célébration du 10e anniversaire de la création du Conseil supérieur de la langue arabe (Csla) pour revenir à la charge et défendre la langue arabe comme il ne l'a jamais fait. Avec une ferveur inhabituelle, l'ex-chef de gouvernement a réagi comme si un grave danger menaçait la langue nationale et officielle du pays au point d'appeler à l'installation d'un haut conseil de suivi et de coordination pour la promotion de la langue arabe, sous l'égide de la Ligue des Etats arabes de Amr Moussa. Intervenant au cours d'une conférence portant sur «La modernisation de la langue arabe et son futur dans le marché des langues». M.Belkhadem semble succomber à la nostalgie de l'unicisme, oubliant que la réforme de l'Ecole suppose une ouverture plus grande sur les langues étrangères. Au moment où les grandes nations cherchent à connaître et à s'approprier les éléments positifs d'autres cultures et d'autres langues, M Belkhadem voit dans le multilinguisme un danger potentiel pour les fondements de la nation. D'ailleurs, Abdelaziz Belkhadem a insisté sur la promotion de la langue arabe, «symbole de notre souveraineté et fierté». A ses yeux, «le développement d'une nation commence par le développement de sa propre langue». Sur sa lancée, M.Belkhadem a proposé «la traduction des différentes sciences vers la langue arabe en ayant une seule terminologie. A ce titre, il est indispensable de se préparer déjà à produire des dictionnaires électroniques». Un discours déjà entendu lors de l'université d'été du FLN tenue en août 2008 à Blida. Ce jour-là, M.Belkhadem avait soutenu que «si la langue arabe régresse c'est toute une patrie ou une nation qui régresse». Et d'affirmer que la langue arabe doit être l'outil de travail dans toutes les universités. Il avait même jugé «inadmissible» l'utilisation d'autres langues dans le cursus universitaire des étudiants au moment où le monde s'universalise. Prenant le relais, Mohamed Larbi Ould Khelifa, président du Csla, a souligné que cette conférence vise à «faire le point sur les entraves à la généralisation de l'utilisation de la langue arabe». Selon lui, «l'administration doit harmoniser sa terminologie arabe et consacrer des termes arabes reflétant de nouvelles réalités», rappelant au passage, que «les efforts du Csla, pendant la décennie écoulée, ont permis de sortir la langue arabe des querelles et de la politisation dont elle faisait l'objet». Se reprenant, M.Ould Khelifa dira que la généralisation de l'utilisation de la langue arabe «ne signifie nullement l'élimination des autres langues notamment la langue amazighe qui est la deuxième langue nationale en Algérie.» De son côté, le ministre de la Communication, Azzeddine Mihoubi, a appelé «à revoir la méthodologie de l'enseignement en surpassant les méthodes traditionnelles». Et de préconiser: «Il est nécessaire de simplifier la grammaire de la langue arabe en la sortant des conflits des écoles linguistiques» L'intervenant a souligné que «la langue arabe a connu un engouement sans précédent juste après les événements du 11 septembre dans le but d'avoir de plus amples informations sur l'Islam». Par ailleurs, M.Ould Khelifa a indiqué que son institution a publié, à l'occasion du 20e anniversaire de sa création, un numéro spécial de sa revue «Langue arabe» de 900 pages grand format, sous le titre «La langue arabe, l'état des lieux et les perspectives».